News Projet CapMAKALA « Capitalisation des résultats du projet Makala en RDC » UE/IBF N°2013/323021

Pour ceux qui ne sont pas des spécialistes de l’histoire de France, qu’il me soit permis de rappeler qu’à l’époque de la monarchie, on annonçait le décès du roi par l’exclamation : « Le Roi est mort (sous-entendu, l’ancien roi), Vive le Roi (sous-entendu, son successeur), on soulignait ainsi que si le roi était mortel, la monarchie était immortelle, du moins le croyait-on alors…

Eh bien, je me suis permis de paraphraser cette expression, pour annoncer à tous nos lecteurs que le projet « Capitalisation des résultats du projet Makala en R.D. Congo », venait de se terminer, en ce 30 septembre 2014. 

Ce dernier prolongeait d’un an le projet Makala qui avait officiellement débuté en février 2009. Près de six années se sont donc écoulées depuis la réunion de lancement de ce premier projet (Photo ci-dessous). Beaucoup d’entre nous se reconnaîtrons sur la photo et avouerons que, s’ils ont peu changé physiquement J, leur perception du mot « Makala », qui désigne le charbon de bois en langue Lingala, a, elle, radicalement changé depuis cette époque.

Lien relatif http://makala.cirad.fr/
Source projet makala
Date de publication 16/10/2014
Contributeur Adélard Mutombo

Pour illustrer ce changement, induit par les résultats obtenus, je reprendrai certains éléments du discours d’ouverture de la conférence Makala de juin 2013 :

« Faut-il, pour comprendre ce que le projet Makala a apporté à la RDC et à la communauté scientifique, reprendre un par un ses principaux enseignements ?

Et bien NON ! 

Il me semble vain d’en faire une synthèse car ce serait trop réducteur de vouloir résumer en quelques phrases tout ce que vous retrouverez beaucoup mieux expliqué  dans le « Petit-Livre-Vert : Quand la ville mange la forêt» des éditions Quae, mais aussi dans les publications faites dans des revues scientifiques internationales, dans les rapports, les notes de perspectives, les fiches techniques en langues locales et en français, etc. qui sont disponibles sur le site internet du projet, vous retrouverez également les communications faites dans les conférences et, tout dernièrement, les modules de cours, le tout facilement téléchargeables. Remercions au passage Adélaïde Larzillière qui a animé ce site et peaufiné les documents, pendant toutes ces années et qui, bien qu’ayant migré à l’autre bout de la terre, a gracieusement accepté de continuer à y déposer les publications scientifiques qui sortiront dans les prochains mois.

NON, je préfère vous parler du chemin qui a été tracé par le concepteur et premier directeur du projet, Jean-Noël Marien, appuyé sur une équipe solide et unie, dont Emilien Dubiez était la cheville ouvrière ; chemin sur lequel beaucoup d’entre vous ont cheminé ensemble !

Au départ de ce chemin, une idée, celle de travailler sur le charbon de bois pour l’approvisionnement en énergie domestique des villes africaines. Une idée toute chargée de polémiques. 

En effet, en 2007-2008, lorsque le projet Makala a été rédigé, avant de suivre le laborieux itinéraire de tout projet, il était très mal vu de parler de charbon de bois dans les milieux de la recherche et du développement des zones intertropicales :

-  Produit sale ! Produit pour les pauvres parmi les pauvres !

-  Cadavre, ou plutôt momie des si beaux arbres de la forêt !

-  Cause de la déforestation !  Origine du réchauffement climatique !

-   Piège à misère pour les charbonniers, toujours à la merci de la mort dans un four effondré dans d’atroces souffrances, toujours courbés sous de terribles charges hissées du fond des vallées dans la canicule et la poussière !

-   Danger public, à cause des camions hors d’âge et hors normes de sécurité, qui le transportent, de la brousse jusqu’au cœur des villes !

Bref, le charbon, c’était le Diable, ou du moins son Brasier, et qui veut travailler dans la cuisine du Diable ?

Eh bien, si je peux me permettre cette familiarité respectueuse, typiquement congolaise, je dirai que Papa Jean-Noël et Papa Filippo, ont osé y aller cuisiner !

Ils ont réussi à y intéresser un grand Bailleur de Fonds, en général plus intéressé par l’aménagement forestier au sens « noble » du terme, à savoir celui des grandes concessions de plusieurs centaine de milliers d’ha, dont le plan d’aménagement en 25 tomes tient difficilement dans un pick-up Toyota, à savoir le Fond Européen de Développement.

Ils ont également réussi l’exploit de faire se pencher sur le problème les cerveaux fumants de plusieurs Universités congolaises et belges ainsi que de deux centres internationaux de recherche (Cifor et Cirad) dont les chercheurs préféraient en général, jusque-là, considérer les défricheurs, au mieux comme une espèce misérable que le Progrès ferait bientôt disparaitre, au pire comme des prédateurs des merveilleux écosystèmes naturels qu’il fallait protéger, d’une Fondation Allemande en général plutôt concernée par la Bonne Gouvernance et, enfin et surtout, les Ministères chargés des forêts des deux Congo, Ministères, dont il faut bien le dire, les agents étaient jusque-là plus habitués à pourchasser les charbonniers qu’à collaborer avec eux.  

Eh bien, lorsque je repense à la petite équipe réunie dans les locaux de la FHS à Gombe, en février 2009 pour lancer le projet et lorsque je la compare  aux presque 150 participants de la conférence de juin 2013 et aux centaines de visiteurs réguliers du site internet, je me dis :

-        OUI, la perception que nous avons tous du charbon et du bois-énergie a changé,

-        En Afrique Centrale, des voies se sont ouvertes vers une gestion plus durable de l’environnement, et Papa Jean-Noël, ainsi que vous tous, avez apporté une pierre à cet édifice, ou plutôt une brique (autre ennemi expiatoire des forêts) et la voie est ouverte vers un avenir que nous espérons simplement moins pire que ce qu’on nous avait promis.

-        Quant au mot Makala, qui reste pour les Européens une sorte de mystère car il désigne à la fois le charbon (un produit noir, froid et mort) et la braise (incandescent, brûlant et rouge irradiant), ce mot Makala entrera, n’en doutons pas, dans le vocabulaire universel des forestiers et des scientifiques, dans le fameux « Globish language ».

De tout ce travail passé et pour tout ce qu’il ouvre vers l’avenir, chers participants au projet Makala, chers lecteurs habituels et assidus de ses publications, MM. les contribuables qui ont financé notre travail, MM. les paysans et les charbonniers qui ont travaillé avec nous gratuitement et avec une confiance positive, soyez tous remerciés.

Et maintenant, s’il faut bien accepter le fait que le projet Makala est mort et bien mort, comme c’est le sort normal de tout projet, qu’il me soit permis de clamer : Vive le Makala Nouveau !

Et dans ce binôme, je mets toutes les idées et concepts qui s’attachent à lui, une bio-énergie domestique renouvelable, pouvant être une source d’enrichissement pour les ruraux, capable de booster la gestion durable des forêts et des paysages agroforestiers, de servir de vecteur à l’organisation des communautés rurales, pouvant contribuer à une démarche de sécurisation foncière contre les phénomènes de land-grabbing.

J’y mets aussi la foi nouvelle des milliers d’agriculteurs, autrefois simples défricheurs-essarteurs, devenus des planteurs ou des gestionnaires d’arbres, qui veillent quotidiennement sur leurs parcelles, y mettent leurs espoirs de développement et qui en font la publicité.

OUI, VIVE LE MAKALA NOUVEAU ! LONG LIVE NEW-MAKALA!

 

Veuillez noter que cette information a expiré.