HTML Document 8. Planification environnementale

Date de publication 28/03/2009
Contributeur Guy Mboma
Couverture géographique Congo, La République démocratique du

Actuellement, la République Démocratique du Congo dispose d'une stratégie nationale de gestion de l'environnement à travers le Plan National d'Action Environnemental (PNAE) et pas encore de celle spécifique aux ressources de la biodiversité. C'est pourtant à partir d'une telle stratégie nationale qu'il sera possible de développer des stratégies sectorielles ou régionales en matière de biodiversité.

Pour une gestion saine de l 'environnement et des ressources naturelles, il est essentiel de disposer d'un rapport fiable et complet sur l'état de l'environnement au Congo. Le rapport qui existe est récent car datant de Novembre 1996. C'est avec une telle base de données que les conditions environnementales pourraient être surveillées régulièrement.

Certains secteurs des ressources ont néanmoins bénéficié d'une attention de la part du Gouvernement. Des plans directeurs ont ainsi été élaborés pour ces secteurs. C'est le cas du secteur forestier, du secteur des pêches et celui des aires protégées.

8.1.Ecosystèmes terrestres

8.1.1. Schémas régionaux d'aménagement du territoire

Dés le début des années 80, l'Etat avait pressenti le besoin de mettre l'accent sur " la maîtrise et la gestion de l'espace physique " pour concilier le développement économique du pays avec celui des régions.

Ainsi une esquisse du Schéma National d'Aménagement du Territoire a été élaborée en 1982 par le Bureau d'Etudes d'Aménagement et Urbanisme (BEAU). Cette esquisse, approuvée par le Gouvernement en 1983, a ouvert la voie à l'élaboration des schémas régionaux. Malheureusement, cette initiative s'est arrêtée à 4 régions (Bas-Congo, Nord et Sud-Kivu, Equateur), la coopération ayant été suspendue après les tristes événements de 1992.

Ces schémas régionaux constituent un cadre essentiel :

  • pour la connaissance du territoire et de ses potentialités;
  • pour la définition des perspectives d'avenir et des priorités d'aménagement ;
  • pour la sélection et la mise en cohérence de différents projets nationaux, financés ou non sur les ressources extérieures.

Un troisième document de référence pour l'aménagement du territoire devait être représenté par les Plans de Développement Urbain des principales agglomérations du pays, malheureusement, ceux-ci n'ont connu aucun début d'exécution.

8.1.2. Planification sectorielle

a) Programme d'Action Forestier National (PAFN)

De 1987 à 1988, la Banque Mondiale a financé l'Institut International pour l'Environnement et le Développement (IIED) afin d'aider le Congo à identifier les contraintes qui entravent le développement du secteur forestier et des terres forestières.

Fort de ce diagnostic et sur la base des principes du Programme d'Action Forestier Tropical (PAFT) adopté en 1985 par la FAO, la République Démocratique du Congo a bénéficié du leadership du Canada pour élaborer son PAFN. Ce processus a connu la participation de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, du PNUD, de la CEE et de la République d'Allemagne.

Pour les cinq domaines prioritaires de PAFT, le PAFN de la République Démocratique du Congo a retenu 97 actions à entreprendre à court, moyen et long termes dans le but d'harmoniser le secteur forestier avec les autres secteurs économiques du pays.

Malheureusement, en dehors de quelques actions formulées pour les aires protégées du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de la Province Orientale et du Bas-Congo qui ont reçu des financements ponctuels, la mise en oeuvre de ce PAFN souffre d'un manque de financement conséquent.

b) Plans directeurs des parcs nationaux

Non seulement qu'il n'existe pas à l'heure actuelle, aucun plan national de mise en place d'un réseau des aires protégées du pays, même celles existantes ne disposent pas toutes d'un plan directeur ou de gestion.

Le plan directeur élaboré pour le Parc National des Virunga attend toujours d'être publié et ses données de base risquent de perdre de l'actualité notamment avec l'impact des réfugiés rwandais durant l'année 1994, qui ont fortement entamé les ressources biologiques existantes.

Le Parc National de Kahuzi-Biega dispose d'un plan de gestion qui bénéficie d'un financement conséquent de la coopération technique allemande durant la période où le pays bénéficiait encore de la confiance des partenaires internationaux intéressés.

Au même titre, la Réserve de faune à Okapi devrait normalement être dotée d'un plan de développement grâce à un financement de la Banque Mondiale. Cette même institution a appuyé l'ICCN pour l'élaboration d'un plan de gestion du Parc Marin des Mangroves, mais ce processus se trouve bloqué à l'heure actuelle pour diverses raisons, notamment, l'arrêt de la coopération avec le Congo.

c) Plans d'action des réserves de biosphère

Le projet du Programme MAB de l'UNESCO concerne la mise en place d'un réseau international et coordonné des " réserves de la biosphère ". Le but de ces dernières est de permettre la recherche écologique, fondamentale et appliquée, à la fois dans les milieux naturels et dans les milieux altérés. L'intérêt de ces aires est d'offrir des bases scientifiques de référence permettant de mesurer les changements à long terme de la biosphère; elles sont donc importantes pour la surveillance continue de l'environnement. Outre la recherche, les réserves de biosphère ont pour fonctions : la conservation in-situ, l'éducation et la formation, ainsi que la coopération au développement, notamment dans la perspective du développement rural intégré.

Malheureusement, des trois (3) réserves de Biosphère de la République Démocratique du Congo, seule, celle de la Luki, a fait, mais alors timidement, l'objet d'un processus de planification et de la définition d'un projet de développement rural intégré. Si la Réserve de la Lufira a complètement perdu de son intérêt, celle de Yangambi et, surtout celle de la Luki, subissent des agressions qui compromettent gravement leur statut.

8.2. Ecosystèmes aquatiques

En matière de planification gouvernementale, les plans d'eau du Congo n'ont jamais été considérés en tant qu'habitats et écosystèmes naturels, mais plutôt pour leur contribution à la production nationale halieutique de manière à réduire les énormes importations en produits de pêche. Cette vision a motivé l'élaboration avec le concours de la FAO, du Plan Directeur des Pêches dont la mise en oeuvre paraît peu conséquente. Dans ce domaine, même la loi est inadaptée à la réalité actuelle. De même, les accords internationaux, régionaux et sous-régionaux qui représentent des opportunités d'action pour une utilisation durable de ces ressources, ne sont pas l'objet d'un suivi approprié.

En dehors de la faune de certaines aires protégées, comme le Parc National des Virunga, les inventaires de la faune aquatique sont très sporadiques au Congo. La planification, dans ce domaine, pour le but d'une conservation et d'une utilisation durable demande d'être initiée et soutenue.