HTML Document CHAPITRE 2: Flore et végétation

Date de publication 28/03/2009
Contributeur Han de Koeijer

2.1. FLORE

2.1.1. Richesse floristique

Tous les grands groupes taxonomiques de la flore du Congo ne sont pas encore décrits. Tout indique que les nombres se rapportant à certaines unités taxonomiques restent suvent inférieurs à la réalité.
Le dépouillement des données rassemblées lors de la consultation des documents disponibles fait état de 377 familles, 2.136 genres et 10.531 espèces dont 1.377 endémiques représentant l'originalité floristique du Congo.
Cette flore s'est enrichie de nombreuses espèces introduites pour diverses raisons.
La répartition par grands groupes se présente de la manière suivante:

- Algues: 30 familles, 31 genres, 249 espèces
- Champignons (basidiomycètes): 41 familles, 154 genres, 582 espèces
- Lichens: 3 familles, 21 genres, 21 espèces
- Bryophytes: 48 familles, 87 genres, 154 espèces
- Ptéridophytes: 39 familles, 89 genres, 383 espèces
- Spermatophytes: 216 familles, 1.731 genres, 9.142 espèces dont 275 introduites

L'analyse systématique de l'ensemble de la flore fait ressortir plus de 952 Phanérogames endémiques, 10 Ptéridophytes, 28 Bryophytes, 1 Lichen, 386 Champignons, soit 1.377 espèces endémiques pour l'ensemble de la flore.
En ce qui concerne la "Conservation de la diversité biologique dans les aires protégées", il y a lieu de noter dans l'ensemble une bonne conservation des espèces dans les parcs, mais moins bonne dans les réserves de la biosphère.
Néanmoins, il faut signaler des coupes de bois et des défrichements culturaux illicites dans les aires protégées situées dans les régions très peuplées et celles récemment touchées par l'afflux de réfugiés.
Quelques espèces d'introduction récente indiquent l'état de santé des écosystèmes naturels. Il s'agit des espèces volontairement ou accidentellement introduites, à grande vitesse d'extension et occupant des étendues parfois importantes, des écosystèmes terrestres ou aquatiques, notamment Eichhornia crassipes, Chromolaena odorata, Croton hirtus, Bellucia axitenanthera, Mimosa invisa, Stylosanthes guyanensis.
La surexploitation et l'aménagement divers de certaines espèces les raréfient; on notera ici les cas de Pericopsis elata, Millettia laurentii, Gnetum africanum, Entandrophragma spp, Diospyros grex et certaines espèces deStrophanthus.

2.1.1.1. La diversité spécifique

La mise en place de la flore actuelle du Congo remonte à la fin du Tertiaire, époque des oscillations de l'Equateur géographique. Par la suite, elle a subi des vicissitudes diverses dues aux variations climatiques du Quaternaire, surtout à ses glaciations.
Le développement de cette flore est aussi lié à l'ancienneté des terrains. Dans la Cuvette Centrale, la majorité de terrains est d'origine sédimentaire; au Katanga, les terrains du Carbonifère et du Permien ont livré la plupart des fossiles végétaux.
L'ensemble de la flore du Congo appartient à deux souches, provenant de la flore sèche africaine orientale mieux représentée dans les zones de savanes, généralement mésophiles d'une part, et issue du vieux fond hygrophile caractérisant les espèces forestières d'autre part.
Deux types d'espèces sont à distinguer dans l'ensemble de la flore congolaise: les espèces mégathermes majoritaires et les espèces mésothermes localisées dans les régions montagneuses.
Quant à l'élaboration de la flore du Congo, elle est basée sur l'abondant matériel botanique récolté pendant la colonisation sur l'ensemble du territoire national.
En 1950, on comptait plus de 100.000 feuilles d'herbiers portées à environ 1.000.000 aujourd'hui, pour lesquelles la détermination scientifique systématique débuta en 1895.
Dans cette flore, on retrouve tous les grands groupes systématiques, mais en des proportions variables. L'ensemble de la flore, tous les embranchements confondus, représente aujourd'hui 377 familles, 2.196 genres, 10.324 espèces (sous espèces et variétés). Nous n'avons pas tenu compte pour le moment des formes, des hybrides et des cultivars.

Le condensé de la répartition par groupe systématique se présente comme suit:

Tableau 5: Répartition de la flore terrestre par groupe systématique


FAMILLES GENRES ESPECES
Algues    
30 71 249
Champignons (Basidiomycètes) 
41 174 655
Lichens    
3 4 21
Bryophytes    
48 87 154
Ptéridophytes    
39 89 378
Spermatophytes    
216 1731 8867

Ces données sont approximatives et inférieures à l'inventaire floristique de 1950.

En effet, en guise de comparaison, cet inventaire donnait les résultats ci-après: Pour 170 familles et 1.631 genres des Spermatophytes, on dénombrait 6 Gymnospermes et 9.699 Angiospermes dont 1.943 Monocotylédones (25%) et 7.756 Dicotylédones (75%). Selon la répartition ci-après des familles les mieux représentées sont:

- Monocotylédones:
Poaceae (600), Orchidaceae (400), Cyperaceae (262), Liliaceae (187), Commelinaceae (103), Dioscoreaceae (57), Araceae (56), Amaryllidaceae (55), Iridaceae (59), Zingiberaceae (35), Maranthaceae (29), Xiridaceae (21), Arecaceae (30), Hydrocharitaceae (11).
- Dicotylédones:
Fabaceae (876), Asteraceae (727), Rubiaceae (674), Euphorbiaceae (377), Acanthaceae (343), Lamiaceae (307), Apocynaceae (187), Asclepiadaceae (149), Scrophulariaceae (128), Verbenaceae (108), Solanaceae (96), Convalvulaceae (92), Sapotaceae (85), Gentianaceae (47), Dilleniaceae (12).
Quant aux autres groupes, l'inventaire signale:
Bryophytes (700) dont Mousses et Sphaignes (559) et Hépatiques (141), Pteridophytes (340), Champignons, Rwanda et Burundi compris (1.193).

Les résultats détaillés de la flore terrestre congolaise issus de l'inventaire floristique de 1950 sont consignés dans le rapport technique du volet y afférent.

1°) Les Algues
Les données disponibles sur la flore algologique sont insuffisantes, à l'exception des Algues du Katanga dont les données sont publiées par Schmitz A. dans "La végétation de la plaine de Lubumbashi" (Haut-Katanga), INEAC, série scientifique 13: 1-338, Biblio 1971.
Les chiffres donnés dans le tableau suivant sont inférieurs par rapport à l'immensité du territoire national et que, même au regard de la publication précitée, l'inventaire n'a pas été très poussé dans certaines familles, limité à la citation des genres, sans dénombrement d'espèces.
Simoens (1963) fait état d'environ 1.000 espèces d'Algues d'eaux douces réparties en plusieurs groupes systématiques.

2°) Les Champignons
Les données actuellement disponibles sur la flore mycologique du Congo sont fragmentaires. Les documents autorisés consultés sont:
- flore iconographique des champignons du Congo;
- flore illustrée des champignons d'Afrique Centrale, éditée par le Jardin Botanique National de Belgique.
Le tableau 6 réunit l'ensemble de données, soit 41 familles, 154 genres, 582 espèces et 53 sous-espèces et variétés pour les seuls Basidiomycetes.
Mis en rapport avec l'immensité du territoire national, la diversité des sites écologiques et les habitats, ces chiffres sont nettement inférieurs à la réalité. De plus, de nombreuses contrées n'ont pas fait l'objet de récolte des champignons supérieurs. Enfin, un certain nombre de spécimens récoltés reste encore à étudier.
Les groupes systématiques les mieux représentés sont les Agaricaceae (113), les Amanitaceae (75), les Nidulariaceae (56), les Boletaceae (52), les Xylorioideae (33). Les genres suivants ont été inventoriés comme les mieux représentés: Amanita, Lepiota, Agaricus, Marasmius, Xylosphaera.
A propos de la distribution phytogéographique, la grande majorité du matériel a été récolté dans le Secteur Forestier Central (6), spécialement la Cuvette Centrale, dans le Secteur des Lacs Edouard et Kivu (9) et dans le Haut-Katanga. (11).
Parmi les espèces et variétés congolaises, il y a environ 150 comestibles.
Enfin, la très grande majorité des espèces sont terricoles et lignicoles des milieux forestiers. Les sols argileux et humifères, les bois pourris ou pourrissant sont propices au développement des champignons.
Par ailleurs, les forêts constituent le principal habitat des champignons basidiomycètes.

Tableau 6: Le groupe systématique des Basidiomycètes

3°) Les Lichens
Les documents devant permettre d'établir des statistiques plus fiables pour les lichens sont inexistants . Les données présentées proviennent de la seule monographie du Haut-Katanga où prédominent les espèces d'Usneaceae. (Schmitz A., Biblio 1971)
La poursuite de la recherche des données reste donc une tâche prioritaire.

4°) Les Bryophytes
Les données actuellement disponibles sont très insuffisantes pour poser un diagnostic sur la richesse de ce groupe systématique.
Les données rassemblées dans le tableau 7 proviennent de deux secteurs phytogéographiques, lacs Edouard et Kivu (9) et celui du Haut-Katanga (11). Même dans ces deux secteurs, les récoltes de matériel ne couvrent qu'une portion restreinte de l'étendue.
Les informations rassemblées révèlent au total 42 familles, 87 genres et 153 unités infragéneriques, dont 140 espèces. Ces données représentent presqu'exclusivement les Mousses, les Hépatiques étant presqu'exclues. Environ une trentaine de Bryophytes semblent endémiques au Congo, confinées sur les hautes altitudes de l'Est et Sud-Est du pays.
Les données manquent totalement sur la très grande partie du pays, spécialement dans la Cuvette Centrale où l'humidité très élevée devrait favoriser le développement des Bryophytes: sur les arbres, sol humide, bois mort. Il en est de même pour les forêts galeries et le secteur phytogéographique du Mayumbe.
Parmi les familles les mieux représentées, nous retenons les Batramiaceae, Bryaceae, Dicranaceae, Orthotriaceae, Pottiaceae.

Tableau 7: Les Bryophytes du secteur phytogéographique du Lac Edouard et du Lac Kivu

5°) Les Ptéridophytes
Les données recueillies présentent au total 39 familles, 87 genres, 383 espèces, sous-espèces et variétés. Ces unités infragénériques sont de tous les biotopes. Parmi les familles les mieux représentées, on notera:
Selaginellaceae (60), Aspleniaceae (56), Aspidiaceae (31), Hymenophylleaceae (21), Pteridiaceae (19), Adianthaceae (18), Lycopodiaceae (18), Thelypteridiaceae (15), Polypodiaceae (12).
La poursuite des travaux permettra de recueillir des informations nouvelles pour compléter les données d'inventaire.

Tableau 8: Liste des Ptéridophytes inventoriés au Congo

6°) Les Spermatophytes
Les Spermatophytes constitués de deux Sous-Embranchements, Gymnospermes et Angiospermes, sont la frange la plus importante des végétaux de notre flore au point de représenter, en nombre d'espèces, 81% de l'ensemble de la flore par rapport à l'inventaire de 1950.
Mais, à l'intérieur de l'Embranchement, la représentation est disproportionnée, car, alors qu'on ne compte que 7 espèces de Gymnospermes (compte non tenu des introductions), les Angiospermes sont les plus abondantes, avec une nette dominance sur des Dicotylédones dans lesquelles prédominent les Fabaceae, Asteraceae, Rubiaceae et Euphorbiaceae, comptant chacune plus de 300 espèces.
Parmi les Monocotylédones, les Poaceae sont très largement prédominantes, suivies des Orchidaceae, Cyperaceae, Commelinaceae et Liliaceae, comptant chacune plus de 100 espèces.
L'ensemble des données des Spermatophytes sont reprises dans le tableau 9.

Tableau 9: Liste des Spermatophytes inventoriés au Congo

2.1.1.2. Les groupes phytogéographiques et l'endémisme

Walter Robyns (Biblio, 1948) a divisé l'ensemble du territoire du Congo en 10 secteurs phytogéographiques s'intégrant dans 3 régions chorologiques: Guinéo-congolaise, Soudanienne et Zambézienne.
L'évolution actuelle des idées sur la phytochorologie africaine permet de regrouper les secteurs reconnus par Robyns en 5 entités: la Cuvette Centrale (la zone de forêts ombrophiles guinéo-congolaise), deux zones de transition guinéo-congolaise Nord et Sud qui sont le domaine de forêts galeries entrecoupées de savanes guinéo-congolaises, les Savanes et Forêts claires zambéziennes localisées dans le Sud-Est et le Centre-Sud et les Régions montagnardes de l'Est caractérisées par une flore teintée d'éléments montagnards.
De cette analyse, il ressort que l'endémisme au sens de F.White (Biblio, 1983) est important dans la Cuvette Centrale congolaise. Le total des espèces Spermatocytes endémiques s'élève à 952, soit 10,73 % du total des espèces connues dans ce groupe.
Un autre centre d'endémisme peut être cerné dans la région montagneuse de l'Est avec un certain nombre d'espèces montagnardes réfugiées sur les hautes altitudes; ce sont des espèces orophiles microthermes, parmi lesquelles des espèces des genres Lobelia, Philippia, Senecon.
Un dernier centre d'endémisme peut être mis en évidence dans la région des hauts plateaux du Katanga, au Sud-Est du pays.

Le condensé des informations sur les taxa endémiques est repris dans le tableau 9 des Spermatophytes du Congo.

2.1.1.3. Les données sur les espèces les plus représentatives des écosystèmes

Plusieurs espèces caractérisent les écosystèmes et jouent le rôle dynamique, physionomique et évolutif des groupements végétaux.
Les écosystèmes du Congo pour lesquels nous mentionnons quelques espèces les plus représentatives sont repris ci-dessous.

1°) Les espèces introduites pouvant menacer la diversité biologique
La flore du Congo a absorbé beaucoup d'espèces exotiques dont certaines sont par la suite devenues subspontanées.
Quelques espèces introduites volontairement ou accidentellement prennent de plus en plus de l'ampleur et occupent des étendues parfois importantes ou jouent un rôle déprimant dans l'évolution normale de la végétation naturelle.
D'autres constituent des entraves pour la navigation et jouent un rôle négatif sur la faune ichtyologique.
Les plantes ci-après sont celles qui constituent le danger le plus apparent et immédiat: Eichhornia crassipes (Pontederiaceae), Chromolaena odorata, Tithonia diversifolia (Asteraceae), Stylosanthes guyanentis (Fabaceae), Bellucia oxytenanthera (Melastomataceae), Mimosa invisa (Mimosaceae), Cecropia leucocoma (Miraceae).

2°) Les espèces nationales menacées
La satisfaction des besoins toujours croissants de l'homme entraîne des prélèvements anarchiques des organes végétaux comestibles, provoquant ainsi une destruction ou une perturbation physiologique et morphologique des plantes recherchées. Parfois, c'est l'habitat qui est détruit lui-même, rendant précaire la pérennité de l'espèce.
Les espèces signalées ci-après sont les plus exposées à la surexploitation pour le moment et méritent toute l'attention:
Encephalartos ituriense (Cycadoceae), Eremospatha cabrae, Eremospatha haullevilleana (Arecaceae), Pericopsis elata, Millettia laurentii (Fabaceae), Diospyros grex (Ebenaceae), Julbernardia breynei (Caesalpiniaceae), Gnetum africanum (Gnetaceae), Morinda morindroides (Rubiaceae), Entandrophragma angolense, Entandrophragma candollei, Entondraphragma cylindricum, Entondrophragma utile (Meliaceae), Terminalia superba (Combrelaceae), Milicia excelsa (Moraceae), Megaphrynium macrostachyum (Marantaceae).

3°) Les espèces protégées
Aucune donnée n'est disponible sur les espèces qui seraient déjà protégées ou qui devraient l'être. Pourtant, certaines espèces surexploitées ou très localisées mériteraient une protection basée sur des textes réglementaires au niveau national, compatibles avec les conventions internationales (CITES), comme c'est le cas pour les espèces animales. Parmi elles, on peut citer: Millettia laurentii (Maindombe), Pericopsis elata (Province Orientale), Diospyros grex (Inga), Diospyros canaliculata, Eremospatha diverses espèces.
Pour certaines espèces, la protection devrait même être immédiate en raison de biotope restreint et unique, tels que: Juniperus procera, ou menacé: Encephalartos ituriense, Diospyros grex, Diospyros wagemansii.

4°) Les menaces pesant sur les habitats et état de conservation
Les causes de modifications graves des habitats proviennent de l'activité de l'homme. Parmi celles-ci, il y a l'agriculture, les pâturages, les surpâturages, les concessions agricoles sans enquêtes sur la vocation des espaces entières, les besoins énergétiques, les constructions anarchiques, les zones de squatting, la construction de routes, les feux de brousse, l'exploitation forestière.
En plus, la démographie galopante, le sous-développement croissant, la pauvreté généralisée de la population essentiellement rurale tournée vers l'agriculture itinérante sur brûlis accélèrent la destruction des habitats: jachère courte, champs quasi permanents, rendements décroissants, appauvrissement des sols, érosions, ravinements.

5°) Les données d'ordre géographique
Parmi les groupes phytogéographiques de l'ensemble de la flore du Congo, les espèces guinéo-congolaises constituent la plus grande partie de sa composition floristique. Ces espèces se retrouvent en forêts et en savanes dérivant de la destruction des formations guinéo-congolaises dans toute la Cuvette Centrale, le Mayumbe, les savanes arbustives et herbeuses australes et septentrionales.
Les espèces zambéziennes constituent la flore du Sud des hauts plateaux méridionaux (Kwango, Haut-Katanga, Sud-Kasaï, Extrême Sud-Est du Bas-Congo: Matadi, à la frontière angolaise et côtier).
Les espèces soudaniennes sont limitées dans l'extrême Nord-Est du Congo (Lac Albert, Parc National de la Garamba).
Les espèces orophiles sont pour la plupart des endémiques des hautes montagnes de l'Est (Ruwenzori, Virunga).
Les espèces de l'embouchure constituent la flore des Mangroves, du reste peu connues sur le plan scientifique.

6°) Les données sur les fonctions biologiques de la diversité floristique
Au Congo, l'importance accordée à la conservation de la diversité biologique et ses avantages se manifestent par la création des aires protégées, des jardins botaniques et zoologiques. Ces aires comprennent les réserves intégrales, les parcs nationaux, les réserves et domaines de chasse, les réserves de la biosphère et les forêts classées.
La localisation de la diversité floristique dans ces aires protégées, jardins botaniques et zoologiques est donnée ci-dessous:

- Forêts de basse altitude: Parcs Nationaux de la Maïko et de la Salonga, Réserve Intégrale d'Epulu;
- Forêts de montagne: Parcs Nationaux de Kahuzi-Biega et des Virunga;
- Forêts claires: Parcs Nationaux de Kundelungu et de l'Upemba, Réserve de Biosphère de la Lufira;
- Mangrove: Parc Marin de Moanda;
- Réserves de la biosphère: Réserves forestières de Luki, Yangambi et Lufira;
- Réserves de chasse: Réserves de Chasse de Bombo-Lumene, Swa-Kibula, Mangaï, Bili-Uéré, Maïka-Penge, Luama, Lubudi-Sampwa, Epi, Gangala-na-Bodio, Azandé, Mondo-Missa et Rubi-Tele;
- Jardins botaniques: Jardins Botaniques d'Eala, Kisantu, Kinshasa;
- Jardins zoologiques: Jardins Zoologiques de Kinshasa, Kisangani, Parc Président Mobutu.

Dans tout le pays, il existe plusieurs zones non protégées ou zones banales, qui sont économiquement et scientifiquement utiles. Ces zones sont laissées à la disposition des populations qui les exploitent de diverses manières, selon un règlement qui les régit. Des études doivent être menées pour leur donner l'importance qu'il faudrait.

7°) Le niveau de connaissance de la flore
Dans l'ensemble, la flore du Congo est relativement bien connue, mais avec des niveaux de connaissance variables, selon les groupes systématiques considérés.
Concernant la flore des Spermatophytes, l'Institut National pour l'Etude Agronomique du Congo (INEAC) avait publié, depuis 1948, dix volumes et de nombreux fascicules contenant plus de 3.000 espèces décrites.
Depuis l'indépendance, les travaux se sont poursuivis sous le nom de "Flore du Congo, du Rwanda et du Burundi", et ensuite "Flore d'Afrique Centrale" au Jardin Botanique National de Belgique, à Meise, Bruxelles, un service rattaché au Ministère de l'Agriculture du Royaume de Belgique. Cependant, de nombreux groupes taxonomiques restent encore à traiter, surtout les familles des Sympétales, Monocotyledones et des Euphorbiaceae (vol.VIII, part.2, annoncé depuis longtemps).
Si les Ptéridophytes sont relativement bien connues (la publication se poursuit), les Bryophytes et les Lichens restent presqu'entièrement à étudier.
Pour les champignons, les premiers inventaires signalent quelques 600 espèces dont une partie a été étudiée et publiée. Cependant, ce nombre est inférieur à la réalité quand on tient compte de l'immensité du territoire et de la diversité des sites écologiques. Des prospections systématiques sont requises surtout dans les régions insuffisamment ou non encore explorées.
La flore algologique reste pratiquement à étudier. Seules les Diatomées des Lacs Moëro et Bangwelo ont été étudiées. De même, les Algues d'eau douce de la région de Kisangani ont fait l'objet d'une étude écologique, tandis que celles de la plaine de Lubumbashi ont été récoltées et identifiées à l'occasion de l'étude de la végétation locale.
Des études similaires ont été menées dans d'autres contrées, notamment la vallée de Semliki et les chutes de la Tshopo.
Concernant les Lichens, l'étude est à faire entièrement. Toutefois, on note quelques données éparses obtenues à l'occasion des travaux écologiques sur la dynamique de la végétation orophile.


2.1.2. Plantes aquatiques

2.1.2.1. La méthodologie

L'inventaire de plantes aquatiques vise l'aspect "conservation des espèces"et la protection de leurs habitats en vue de leur exploitation rationnelle et durable; les considérations taxonomiques de ces plantes aquatiques font l'objet du Volet "Flore" traité dans le paragraphe précédent.
Sont considérées comme plantes aquatiques:

- celles vivant en permanence dans l'eau, qu'elles soient enracinées au fond de l'eau ou flottant dans celle-ci;
- celles enracinées sur la berge mais se développant sur l'eau grâce à des structures morphologiques adaptatives;
- les espèces vivant enracinées dans un substrat gorgé d'eau en toute saison.

Le milieu aquatique englobe les rivières, les lacs naturels ou artificiels, les étangs, les dépressions marécageuses, les pièces d'eau résiduaires, les eaux littorales et les eaux saumâtres.
La distribution géographique des espèces mentionnées se réfère aux secteurs phytogéographiques proposés par Robyns (1948).
La récolte du matériel sur le terrain ayant été faite, dans sa très grande majorité, par des personnes non initiées à l'écologie, il est difficile de se prononcer sur l'habitat optimal de chaque espèce.
Pour cette raison, les données obtenues par consultation des travaux phytosociologiques ont été plus privilégiées que celles fournies par les autres types de documents. De même, l'homogénéité relative des milieux édaphiques et climatiques favorise une grande adaptation des espèces, c'est-à-dire une large amplitude écologique des taxons, s'accommodant à plusieurs types d'habitat. Dans ce cas, on a pris en compte, pour chaque espèce, l'habitat optimum, celui dans lequel elle réalise son développement maximum (aquatique, semi-aquatique, marécage).
Les Algues, bien que fondamentalement aquatiques, ne sont pas traitées dans ce volet, mais dans l'étude de flore en général, d'une part, et, d'autre part, dans le Volet Micro-Organismes Aquatiques étudié au chapitre 1.

2.1.2.2. La richesse spécifique de la flore aquatique

Les données qui suivent proviennent du dépouillement de renseignements obtenus lors de la consultation des travaux suivants: Flore d'Afrique Centrale, Monographies Diverses (Lebrun, 1947; Germain, 1960; Evrard, 1968; Schmitz, 1971; Mandango, 1982) et articles originaux (Lubini, 1983, 1985; Apenza et al., 1986, ...). Ces données font état de 532 espèces, sous-espèces et variétés appartenant à 257 genres et 107 familles, valeur bien inférieure à la réalité. En effet, l'immense bassin hydrographique que comporte le Congo présente d'importants sites favorables au développement des espèces végétales: eaux courantes, stagnantes, douces, marines, saumâtres, thermales, tant de basses que de hautes altitudes.

Le tableau 10 résume l'ensemble des grands groupes systématiques représentés dans les divers habitats, tels que définis dans la note méthodologique.

Tableau 10: Grands groupes systématiques de la flore aquatique du Congo


NOMBRE DE FAMILLES

NOMBRES D'ESPECES

Bryophytes

5

9

Ptéridophytes

11

18

Monocotylédones

26

137

Dicotylédones

65

368

TOTAL

107

532