HTML Document CHAPITRE 3: FAUNE

3.1. INVERTÉBRÉS

3.1.1. Invertébrés aquatiques

3.1.1.1. Les espèces, les populations et la diversité biologique

Les espèces d'invertébrés d'eau douce et marines inventoriées au Congo appartiennent à neuf embranchements et représentent au total 1.596 espèces dont 1.423 espèces d'eau douce et 183 espèces marines.
Le niveau d'identification s'est limité pour certains embranchements aux ordres, familles ou genres. La présence d'un nombre élevé d'invertébrés en eau douce s'expliquerait par la diversité flagrante des biotopes dulcicoles par rapport aux biotopes marins et le fait que les recherches entreprises dans les eaux douces sont plus nombreuses.
Les Embranchements mis en évidence sont:

- les Spongiaires ayant au total 30 espèces dont 29 d'eau douce et 1 marine;
- les Coelentérés renfermant 6 espèces dont 5 d'eau douce et 1 marine, plus un ordre marin;
- les Annélides comprenant au total 46 espèces dont 30 d'eau douce et 16 marines;
- les Plathelminthes avec 41 espèces dont 36 d'eau douce et 5 marines;
- les Némathelminthes ayant 12 espèces essentiellement d'eau douce;
- les Echinodermes avec 13 espèces essentiellement marines;
- les Mollusques, constituant l'un des groupes les plus représentatifs, comprennent 346 espèces dont 284 d'eau douce et 62 marines;
- les Arthropodes aquatiques, représentés par trois classes (Crustacés, Insectes et Hydracariens), constituent l'embranchement le plus dominant de notre inventaire avec 1.097 espèces (69%).

Les Crustacés renferment 265 espèces dont 192 d'eau douce et 73 marines, les Insectes et les Hydracariens comportent respectivement 780 et 52 espèces essentiellement d'eau douce.
Cette étude révèle également l'existence d'espèces endémiques pour le Congo. Cependant, leur nombre est très faible. La majorité de ces espèces se localisent dans la partie Nord-Est du pays et une minorité dans le secteur situé entre Matadi et Moanda.
Les données recueillies dans ce travail montrent clairement une grande richesse spécifique des eaux continentales et marines congolaises en invertébrés.

3.1.1.2. Considérations sur les techniques de capture et les mesure de protection des Invertébrés aquatiques

L'analyse des données disponibles révèle que les méthodes de capture utilisées pour le moment au Congo ne constituent pas une menace sur le peuplement des Invertébrés, étant donné que la pêche ne revêt pas un caractère intensif.
Par contre, la pollution par des hydrocarbures et autres substances chimiques le long du Fleuve et sur les côtes de Moanda par les navires et les usines (SOCIR, CONGO-GULF), constitue à coup sûr un danger pour nos Invertébrés. Mais, les effets de cette pollution sur les populations cibles sont sobrement étudiés pour ne pas dire méconnus. Les biologistes devraient s'intéresser à cet aspect du problème.
Quant à la réglementation sur l'utilisation des invertébrés aquatiques, les enquêtes sur le terrain et au niveau du Ministère de l'Environnement ont révélé qu'elle est inexistante.

3.1.1.3. Les zones protégées

La notion de protection des Invertébrés aquatiques n'est pas connue et les zones protégées spécifiquement pour ces organismes sont inexistantes.


3.1.2. Invertébrés terrestres

3.1.2.1. L'état de la faune d'arthropodes

Les différentes espèces de la faune d'arthropodes sont groupées selon leur importance, à savoir:

- médicale et vétérinaire;
- agricole;
- forestière;
- biologique/écologique générale;
- alimentaire.

1. Espèces d'insectes et acariens nuisibles aux cultures
Un total de 319 espèces représentant 10 ordres et 75 familles ont été inventoriées (tableau 11). La grande majorité des espèces nuisibles aux cultures vivrières et industrielles appartiennent aux ordres des Coléoptères, Lépidoptères, Homoptères et Hétéroptères, représentant respectivement 29,15 %; 23,51 %, 18,50 et 14,73 % du nombre total des espèces.

Tableau 11: Principaux Ordres d'Arthropodes nuisibles aux cultures inventoriés au Congo

ORDRES

NOMBRE DE FAMILLES

NOMBRE D'ESPECES

% DU TOTAL

Acarina

4

13

4.08

Coléoptères

15

93

29.15

Dermaptères

1

1

0.31

Diptères

5

11

3.45

Hétéroptères

8

47

14.73

Homoptères

10

58

18.50

Isoptères

2

3

0.94

Lépidoptères

23

75

23.51

Orthoptères

5

10

3.14

Thysanoptères

2

7

2.19

TOTAL

75

319

 

Ces arthropodes causent divers dégâts aux cultures en détruisant les organes, en suçant la sève de la plante ou en transmettant des maladies. Dans l'ordre des Homoptères, 22,41 % des espèces inventoriées sont des pucerons (Aphididae), réservoir des virus des végétaux.
Le Dermaptère Diaperasticus erythrocephalus est la seule espèce de cet ordre qui cause des dégâts aux cultures au Congo. Les autres membres de ce groupe sont des prédateurs.
Quatre espèces d'arthropodes introduites au Congo, à savoir: la cochenille farineuse du manioc (Phenacoccus manihoti), l'acarien vert du manioc (Mononychellus tanajoa) en 1973, la cochenille du manguier (Rastrococcus invadens) en 1986, et, plus récemment, la mouche blanche (Aleurodicus dispercus), se sont révélées être des ravageurs redoutables de certaines cultures.

2. Espèces d'insectes nuisibles aux essences forestières
La grande majorité des insectes nuisibles aux essences forestières appartiennent à l'ordre des Coléoptères qui renferme 93,44 % des espèces xylophages (tableau 12).
Dans l'ordre des Homoptères, il faut signaler l'introduction récente dans l'Est du pays du puceron des cyprès, Cinara cupressi, qui détruit les plantations de cyprès dans le Kivu.

Tableau 12: Principaux ordres d'Arthropodes nuisibles aux essences forestières

ORDRES

NOMBRE DE FAMILLES

NOMBRE D'ESPECES

% DU TOTAL

Coléoptères 5 57 93.44
Homoptères 2 2 3.28
Hyménoptères 1 1 1.64
Lépidoptères 1 1 1.64
TOTAL 9 61 100

3. Insectes ennemis naturels des ravageurs des cultures
Les insectes appartenant à cette catégorie sont très bénéfiques à l'homme: ils détruisent les ravageurs des cultures et autres insectes nuisibles.
Le nombre de ces espèces d'insectes, les parasitoïdes ou prédateurs, est présenté dans le tableau 13.

Tableau 13: Principaux ordres d'Arthropodes ennemis naturels des ravageurs des cultures

ORDRES

NOMBRE DE FAMILLES

NOMBRE D'ESPECES

% DU TOTAL

Coléoptères

1

5

6.58

Diptères

25

24

31.58

Hétéroptères

1

1

1.32

Hyménoptères

13

40

52.63

Lépidoptères

3

3

3.94

Neuroptères

1

1

1.32

Psoptères

1

2

2.63

TOTAL

25

76

100

N.B.: Manque d'étude spécifique sur les invertébrés non recensés dans les tableaux 11, 12 et 13

Deux espèces bénéfiques de moustiques ont été signalées chez les Diptères. Leurs larves sont prédatrices des larves d'autres espèces de moustiques. Il s'agit de Toxorynchites brevipalpis et Culex tigripes.

3.2. VERTÉBRÉS

3.2.1. Vertébrés aquatiques

3.2.1.1. Les poissons

1°) Richesse spécifique
La faune ichthyologique du Congo compte une quarantaine de familles représentant plus de 1.000 espèces de poissons dulcicoles dont près de 800 vivent dans le système du fleuve, et le reste dans les lacs de l'Est (Albert, Édouard, Kivu et Tanganyika). Selon les milieux qu'ils occupent, on distingue les poissons marins, d'eau douce et d'eau saumâtre.
A l'embouchure du fleuve Congo, les poissons marins sont représentés par les familles des Clupeidae, Petraodontidae, Cichlidae, Anabantidae et Cyprinodontidae.
Les poissons d'eau douce sont représentés entre autres par les familles des Mormyridae, Characidae, Citharinidae et Cyprinidae.
Les grands Citharins et les grands Distichodus vivent dans le fleuve pendant que la plupart des Citharinidae se rencontrent dans les rivières.
Les Cypinidae possèdent deux espèces extrêmement abondantes dans le Pool Malebo. Le Barbus peuropholis et Leptocypris modestus.
Les Bagridae sont très caractéristiques dans le fond meuble du grand fleuve. Les Mochocidae sont communs dans le fleuve Congo.
Dans le Lac Albert, le potentiel halieutique est réparti de la manière suivante:
- Alestes distichodus: 45 %
- Lates sp: 30 %
- Hydrocyon sp: 10 %
- Oreochromis sp, Clarias sp,Citharinus sp et autres espèces: 15%
Dans le Lac Édouard, l'espèce Oreochromis niloticus est numériquement dominante.
Au Lac Kivu, Limnothrissa miodon introduit par Collart (1958-1960) représente 90 % du potentiel halieutique.
Le Lac Tanganyika renferme près de 300 espèces dont les plus caractéristiques appartiennent à la famille des Clupeidae (Stolothrissa tanganicae, Limnothrissa miodon), de Cichlidae et des Centropomidae.
Au Lac Moëro, les genres les plus représentatifs sont: Alestes, Tilapia, Oreochromis, Serranochromis et Hydrocyon.
Une liste de 32 familles comprenant 591 espèces est consignée dans les Annexes techniques de la monographie.
Les espèces exotiques des poissons sont d'origine nilotique, zambézienne et américaine.
- Espèces d'origine nilotique: Protopterus annectens, P. aethiopicus, Polypterus bichir katangae, P. senegalensis meridionalis, Ichthyoborus besse congolensis, Oreochromis niloticus, Notobranchus brieni, Heterotis niloticus.
- Espèces d'origine zambézienne: Serranochromis sp., Oreochromis macrochir, Haplochromis philander, Haplochromis mellandi.
- Espèces d'origine américaine: Lepomis macrochirus, qui est domestiquée dans les étangs du Katanga.

La majorité des espèces ont une large répartition géographique et sont considérées ubiquistes.

2°) Espèces menacées
Labeo altivelis est en voie de disparition au Lac Moëro suite à l'utilisation des engins de pêche prohibés.
La fréquence des poissons de petite taille dans les prises d'Oreochromis niloticus au Lac Édouard indique une forte pression sur l'espèce par les engins prohibés.
Chrysichictys wagenaari du Kwango est également en voie de disparition.
Citharinus Citharus du lac Albert est en péril en raison de la décimation des géniteurs.

3°) Zones de pêche
a. Système fluvial
a.1. Bief Bukama-Kongolo
L'absence de chutes et de rapides permet la pratique de la pêche dans cette région.
a.2. Bief Kisangani-Basoko
Dans sa partie supérieure, le fleuve coule entre des rives serrées, les surfaces inondées étant assez réduites. La pêche y est donc plus restreinte. A ceci, il faut ajouter les eaux des affluents et le nombre limité d'îles, qui, notamment, jouent un rôle fondamental dans la croissance des alevins.
a.3. Fleuve Congo, de Basoko au chenal d'Irebu
Il s'agit de la région la plus poissonneuse étant donné que le fleuve passe par les plaines inondées de la cuvette zaïroise et, surtout, par les vastes surfaces inondées incluses entre les rivières Mongala et Giri définies comme véritables greniers à poissons.
a.4. Chenal d'Irebu à Bolobo
Sur sa rive droite,le fleuve reçoit les apports en poisson de la Cuvette Centrale qui, même s'ils ne sont pas aussi riches que ceux de la région en amont, sont cependant importants.
a.5. De Bolobo au Pool Malebo
Au début de cette zone, le fleuve coule entre deux rives droites jusqu'à la grande expansion du Pool Malebo. Les espaces inondés de cette région étant assez réduits, la jonction naturelle sera en conséquence faible.
b. Système lacustre
b.1. Lac Tanganyika
Les zones actuelles de pêche correspondent à la structuration administrative du Lac. Le Lac est divisé en deux zones:
- Tanganyika-Nord, qui comprend les zones de pêche d'Uvira-Baraka, d'Ubwari et d'Assani;
- Tanganyika Sud, avec les zones de pêche de Kalemie, Moba, Moliro.
b.2. Lac Édouard
Les principales zones de pêche reconnues au Lac Édouard sont:
- Vitshumbi, dans le Sud du lac;
- Nyakakoma, dans le Sud-Est;
- Kyavinyonge dans le Nord.
b.3. Lac Albert
Le lac Albert dispose de zones de pêche réparties de la manière suivante:
- au Nord: Ndaro et Mahagi Port;
- au Centre: Kava et Zega;
- au Sud: Nyamavi, Kasenyi et Tchomia.
b.4. Lac Kivu
Les zones de pêche ci-après ont été identifiées: Sake-Minova, Kalehe, Kabaro et Kazingo.
b.5. Lacs de la Province du Katanga
La dépression de Kamalongo regroupe plusieurs plaines inondées qui constituent chacune une zone de pêche. Les plus importantes sont: Upemba, Lukuga, Ngembamba et Kabwe.

4°) Menaces sur les zones de pêche
Les menaces qui pèsent sur les zones de pêche sont surtout constituées de différentes formes de pollution.
Dans le Lac Kivu, la présence du gaz méthane limite la colonisation des couches profondes par les poissons et par conséquent du potentiel halieutique.
Dans certains cours d'eau, l'exploitation artisanale de l'or et du diamant constitue un facteur de pollution d'origine anthropique perturbant la reproduction et les mécanismes respiratoires des poissons. Il en est de même des effluents industriels et domestiques.
Par ailleurs, la déforestation modifie le milieu aquatique et déstabilise les zones de reproduction des poissons.

3.2.1.2. Les amphibiens

L'inventaire de la faune batracologique des écosystèmes aquatiques du Congo révèle 99 espèces appartenant aux familles de Caecilidae, Pipidae, Ranidae et Rhacophoridae.
Le nombre d'espèces endémiques inventoriées s'élève à 50. La majorité d'entre elles se retrouve à l'Est du Congo.
La liste des toutes ces espèces est consignée dans les tableaux en annexe, sous la rubrique qui les concerne.

3.2.1.3. Les reptiles

1°) Chéloniens
Les tortues dulcicoles et marines du Congo sont représentées par 13 espèces. Il s'agit, en ce qui concerne les eaux douces, des espèces:
Trionyx triunguis, Cycloderma aubryi, Pelomedusa subrufa subrufa, Pelusios castaneus, Pelusios subniger, P. sinuatus, Pelusios gabonensis, P. nigricans nigricans.
Pour les eaux marines, les espèces sont:
Dermochelis coriacea, Chelonia mydas, Eretmochelys impricata, Caretta caretta, Lepodocholys devacea.
L'exportation des spécimens vivants de tortues et leur surexploitation dans l'alimentation constituent une menace pour la survie de ces espèces.

2°) Crocodiliens
Les crocodiles sont représentés par trois espèces:
Crocodylus niloticus, C. cataphractus et Osteolaemus tetraspis osborni.
La surexploitation des crocodiles et le commerce illicite constituent de très fortes menaces pour leurs populations.

3°) Varans
La famille des Varanidae est représentée par deux espèces:
Varanus niloticus (en forêt) et V. exanthematicus (dans les savanes).
Ces espèces sont menacées par la surexploitation, pour la chair, le commerce de la peau et des spécimens vivants.

4°) Ophidiens
Les Ophidiens strictement aquatiques sont représentés par 12 espèces, tandis que les semi-aquatiques renferment 19 espèces.
Les espèces strictement aquatiques sont: Helophis schoutedeni, Glypholycus bicolor, Gragia smithii, G. ornata, G. thalloni, G. caesar, G. furcata, Boulangerina annulata, B. christii et Bothrophlaemus lineatus.
Les espèces semi-aquatiques sont: Natriciteres fulginoides, N. olivacea olivacea, Lycodonomorphus leleupi, L. subtaeniatus subtaeniatus, L. subtaeniatus upambae, Mehelga capensis, M. poensis, M. stenophtalmus, M. laurenti, Phylothamnus heterodermus heterodermus, P. heterodermus carinatus, P. heterodermus ruandae, P. hoplogaster, P. irregularis irregularis, P. battersbyi, P. heterolapidatus, P. nitidus, P. nutidus loveridgei, p. dorsalis, Dromohis lineatus et Bitis nasicornis.
Les serpents sont menacés par le prélèvement abusif pour l'alimentation et le commerce illicite des spécimens vivants et de leurs peaux.

3.2.1.4. Les oiseaux
A ce stade de la monographie, les données récoltées sur les oiseaux aquatiques du Congo sont insuffisantes pour dresser une liste spécifique.

3.2.1.5. Les mammifères
Les mammifères aquatiques sont représentés par 6 espèces:
Hyemoschus aquaticus, Trichechus senegalensis, Aonyx capensis, A. congica, Osbornictis piscivora et Potamogale velox.
Les menaces qui pèsent sur ces animaux proviennent de l'exploitation abusive à des fins alimentaires et de la dégradation de leur habitat par les activités anthropiques.

3.2.2. Vertébrés terrestres

3.2.2.1. Les amphibiens

Les amphibiens terrestres du Congo comptent à ce stade de la monographie 87 espèces appartenant aux familles de:
- Bufonidae (16 espèces);
- Ranidae (la femelle de Trichobatrachus robustus);
- Rhacophoridae (65 espèces);
- Microhyidae (5 espèces).

3.2.2.2. Les reptiles

Le nombre des espèces connues s'élève à 331. Mais le dépouillement de la documentation disponible a permis d'inventorier 249 espèces.
La répartition des espèces en fonction des ordres et familles se présente de la manière suivante:

1°) Ordre des Chéloniens (1 famille, 4 espèces)

2°) Ordre des Squamata:
- les Lacertiliens "Sauriens" (9 familles, 87 espèces)
- les Ophidiens (6 familles, 191 espèces)
La liste et la localisation des différentes espèces reptiliennes inventoriées est reprise dans le rapport technique du volet qui les concerne.
Les données herpétologiques disponibles révèlent que la plupart des espèces ont une large répartition sur l'ensemble du territoire national et peuvent être considérées comme des espèces ubiquistes. Le nombre d'espèces endémiques s'élève à 70 dont 21 espèces chez les Lacertiliens et 40 chez les Ophidiens. La majorité des espèces endémiques se retrouvent dans les provinces du Kivu et du Katanga.
Menaces: Le prélèvement abusif exercé sur les varans, les Ophidiens, les lézards et les caméléons constitue une menace pour la survie de ces groupes taxonomiques. Le tableau 14 donne les espèces menacées ou en voie de régression au Congo.

Tableau 14: Reptiles terrestres menacés ou en voie de régression en République Démocratique du Congo

FAMILLES

ESPECES

GRAVITE DE LA MENACE (niveau national)

MENACES DANS LE PAYS

POPULATION NATIONALE (date de référence)

TYPE D'HABITAT

Testudinidae Kinixys belliana Menacé d'extinction Surexploitation à cause de sa chair et pour exportation de spécimens vivants Annexe II CITES Savane boisée
K. erosa Menacé d'extinction   Grande forêt
Geochelone pardalis Menacé d'extinction   Terre sèche rocailleuse
Agamidae   Insuffisament documenté Commerce intense de spécimens vivants Annexe III CITES Proche des habitations
Gekkonidae   Insuffisament documenté Commerce intense de spécimens vivants   Habitations
Scincidae   Insuffisament documenté     Proche des habitations, forêt/savane
Chameleonidae   Vulnérable     Forêt et savane
Elapidae   Insuffisament documenté     Galerie forestière
Viperidae   Insuffisament documenté Destruction de l'habitat   Savane
Boidae Python sebae Vulnérable Surexploitation pour la chair, peau commercialisée Annexe II CITES Savane boisée, galerie forestière
Python regius Vulnérable Destruction de l'habitat    
Calabaria reinhardti Vulnérable Surexploitation pour commerce des spécimens vivants   Forêt équatoriale
Colubridae   Insuffisament documenté Commerce intense des specimens vivants   Forêt équatoriale
Varanidae Varanus exanthematicus Vulnérable     Savane

3.2.2.3. Les oiseaux

1°) Composition
Les données relatives à l'avifaune concernent les espèces aquatiques et terrestres.
Le Congo possède 22 ordres sur les 29 qui existent sur la Terre. L'ordre le plus représenté est celui des Passeriformes avec 602 espèces, et l'ordre le moins représenté est celui des Procellariformes avec une seule espèce. 77 familles sont représentées au Congo sur un total mondial de 160.
La famille la plus représentée est celle des Muscicapidae avec 209 espèces. Les familles les moins représentées sont: Anhingidae, Baleanicipitidae, Scopotidae, Sagitariidae, Heliornitihidae, Rostratulidae, Rhynchopidae, Upupidae, Sittidae, Zosteropidae pour les espèces locales et Procellariidae, Phoethontidae, Fregatidae, Subidae, Pandionidae, Haematopodidae, Phalaropidae parmi les migrateurs. Chacune de ces familles ne compte qu'une seule espèce.
Avec ses 1.086 espèces connues, la République Démocratique du Congo est le premier pays d'Afrique au point de vue du nombre d'espèces d'oiseaux.
Les espèces migratrices sont représentées par la famille des Scolopacidae qui renferme 21 espèces dont 20 nichent en Europe et en Asie.

2°) Espèces sauvages à l'origine des espèces domestiques
Les espèces domestiques suivantes proviennent d'espèces sauvages
a. La poule
Sur les 42 espèces de francolins qui existent au monde, le Congo en possède 14 parmi lesquels deux sont très rares. Elles ont un habitat spécialisé. Il s'agit de Francolinus nahani (Francolin de Nahan) et Francolinus nobilis (Francolin noble). Le Francolin de Nahan est presque inconnu en dehors du Congo.
Quant au Francolin noble, on le trouve au Nord-Est du Congo dans les montagnes ou dans les collines boisées.
b. Le pigeon
Les colombes sont proches des pigeons actuellement domestiques. On trouve 20 espèces de colombes au Congo dont une seule est migratrice, la tourterelle des bois (Streptopelia turtur). De toutes les 19 espèces restantes, le pigeon à nuque blanche (Columba albinucha) se localise dans les montagnes boisées de l'Est du pays. Le pigeon à nuque blanche n'est pas protégé par la loi congolaise sur la chasse.
c. Le canard
Les canards sauvages sont les parents des canards domestiques. 22 espèces de la Famille des Anatidae sont actuellement connues au Congo.

3°) Espèces d'oiseaux présentes dans les zoos du pays
Les tableaux 15, 16 et 17 énumèrent les oiseaux présents dans les jardins zoologiques de Kinshasa, Kisangani et Lubumbashi en 1994.

Tableau 15: Oiseaux du Zoo de Kinshasa (1994)

ORDRES

FAMILLES

ESPECES

NOMS SCIENTIFIQUES

NOMS FRANCAIS

Falconiformes Accipitridae Gypohierax angolensis Vautour palmiste
Stephanoaëtus coranatus Aigle couronné
Circaëtus gallicus Circaète Jean-le-Blanc
Terathopius escaudatus Aigle bateleur
Milvus migrans Milan noir
Accipiter melanoleucus Epervier-pie
Ciconiiformes Ciconiidae Ciconia episcopa Cigogne épiscopale
    Leptoptilus crumeniferus Marabout africain
Strigiformes Strigidae Ciccada woodfordii Chouette houlette africaine
Galliformes Phasianidae Numida meleagris Pintade commune
    Pavo cristatus Paon asiatique

Tableau 16: Oiseaux du Zoo de Kisangani (1994)

ORDRES

FAMILLES

ESPECES

NOMS SCIENTIFIQUES

NOMS FRANCAIS

Falconiformes Accipitridae Gypohierax angolensis Vautour palmiste

Tableau 17: Oiseaux du Zoo de Lubumbashi (1994)

ORDRES

FAMILLES

ESPECES

   

NOMS SCIENTIFIQUES

NOMS FRANCAIS

Ciconiiformes Ardeidae Ardeola ralloïdes Héron crabier
Galliformes Phasianidae Pavo cristatus Paon asiatique
Gruiformes Rallidae Limnocorax flavirostris Marouette noire à bec jaune
Sarothrura pulchra Râle pygmée
Strigiformes Strigidae Bubo africanus Hibou grand duc

4°) Espèces d'oiseaux protégées dans les Réserves Naturelles
a. Parc National des Virunga
Ce parc protégerait plus de la moitié de l'avifaune du Congo. Actuellement, on y dénombre 524 espèces différentes.
b. Parc National de Kahuzi-Biega
Dans ce parc, 212 espèces ont été identifiées.
c. Parc National de l'Upemba
Pour le parc de l'Upemba, on note 90 espèces protégées.
d. Parc National de la Garamba
Trois-cent-cinquante espèces d'oiseaux ont été identifiées dans le parc de la Garamba.

5°) Espèces et sites revêtant une importance pour la conservation en dehors des zones protégées
a. Espèces
La priorité est donnée à toutes les espèces endémiques congolaises que l'on ne trouve pas dans les aires protégées existantes.
a.1. Les non-passereaux
Phodilus prigoginei, Hibou de Prigogine:
L'unique spécimen connu de ce hibou a été capturé en 1952 au Nord-Ouest du Lac Tanganyika, à 2.500 m d'altitude.
Il est rangé parmi les animaux partiellement protégés par la loi.
Schoutedenapus schoutedeni, Martinet de Schouteden:
Cet oiseau n'a été capturé qu'à Butokolo, Mont Nyombe à l'Est du pays.
Comme tous les martinets, cette espèce est partiellement protégée par la loi sur la chasse au Congo.
a.2. Les passereaux
- Pseudochelidon eurystomina, Hirondelle hérissée de rivière:
C'est une espèce que l'on trouve le long du fleuve Congo et le long de la rivière Ubangi. Elle niche surtout aux environs de Mbandaka et à l'Ouest de Kisangani.
- Riparia congica, Hirondelle de rivage du Congo:
On trouve cette hirondelle le long du fleuve Congo avec une extension le long de la rivière Ubangi et dans l'Uele, près de Buta. C'est une espèce dont le nombre reste constant en toute saison. La chasse de cette espèce n'est pas réglementée par la loi congolaise.
- Phedina brazzae, Hirondelle de Brazza:
Cette hirondelle s'observe au Kasai et à l'embouchure de la rivière Kasai. Cette espèce n'est pas protégée par la loi sur la chasse.
- Andropadus hallae, Bulbul de Hall:
L'unique spécimen connu de cet oiseau a été capturé en 1970 à 1.000 m d'altitude dans une forêt primaire, à la limite entre la plaine et la montagne au Kivu. C'est une espèce très apparentée à Andropadus vireus (Bulbul verdâtre). Il n'existe pas encore de renseignements précis sur cette espèce qui, en plus, n'est ni totalement ni partiellement protégée par la loi.
- Chlorocichla prigoginei, Bulbul de Prigogine:
Ce Bulbul a été trouvé près de Butembo et de Mabaya, au Nord-Ouest du lac Édouard, dans les galeries forestières enserrant les rivières de montagne. Cette espèce n'est pas protégée par la loi.
- Apalis kaboboensis, Fauvette forestière de Prigogine:
Cet oiseau rare se trouve uniquement sur le mont Kabobo, vers 2.000 m d'altitude, au Nord de Kalemie, sur le rivage Nord-Ouest du lac Tanganyika. La loi ne le classe ni parmi les animaux totalement protégés ni parmi ceux qui sont partiellement protégés.
- Apalis schoutedeni, Fauvette forestière de Schouteden:
C'est un très rare oiseau que l'on a capturé en 1921 près de Tshikapa, dans le Sud-Ouest du Kasai, dans une dense galerie forestière. Sa distribution géographique est extrêmement réduite et localisée.
- Muscicapa lendu, Gobe-mouches de Lendu:
L'unique spécimen connu a été capturé en 1932 à Djugu, sur le plateau de Lendu à l'Ouest du lac Albert, à 1800 m d'altitude. Cet oiseau pourrait être une sous-espèce du gobe-mouches olivâtre (Muscicapa olivascens) ou un hybride. La loi ne protège pas actuellement cette espèce.
- Muscicapa itombwensis, Gobe-mouches de Prigogine:
Ce Gobe-mouches vit dans la forêt de montagne du Sud-Kivu, entre 1.470 et 1.820 m. Ces oiseaux préfèrent les endroits dégagés où ils se tiennent souvent en petits groupes de 2 à 4 individus, parfois en compagnie d'autres espèces d'oiseaux.
- Muscicapa congensis, Nectarin à longue queue du Congo:
Ce nectarin se trouve dans la région embrassant toute la courbe Nord-Est du fleuve Congo, depuis l'embouchure du Kasaï jusqu'à Kisangani, au milieu de la grande forêt équatoriale. Il peuple un biotope que les autres nectarins à longue queue semblent éviter. Ils sont communs le long des rives du fleuve, là où l'on trouve des villages et clairières avec des plantes en fleur. Il se nourrit de nectar et de petites araignées.
- Ploceus flavipes, Tisserin-malimbe à pieds jaune:
C'est un oiseau que l'on rencontre uniquement dans le Nord-Est du pays, dans la forêt de basse altitude.
Il a été capturé entre Avajudi et Beni-Irumu. Il se nourrit souvent des chenilles. La loi congolaise sur la chasse ne le protège pas.
b. Sites
Dans l'immensité du pays, il existe plusieurs régions non encore explorées au plan ornithologique, tant au coeur de la forêt équatoriale qu'en dehors. Citons simplement comme exemple la très intéressante forêt de la Wamba, dans la région de Bandundu, à l'Est de la rivière Kwango. Ce site revêt une grande importance pour la conservation en dehors des zones protégées existantes (Lippens et Wille, 1976).

6°) Espèces endémiques congolaises
En plus des 13 espèces endémiques susmentionnées, il existe encore 14 espèces endémiques présentes dans un ou plusieurs des parcs nationaux du pays.
La famille ou sous-famille, le nom scientifique et le nom français de ces 27 espèces endémiques sont données dans le tableau 18.

Tableau 18: Espèces endémiques congolaises

FAMILLES (Sous-familles)

ESPECES

 

NOMS SCIENTIFIQUES

NOMS FRANCAIS

Phasianidae Afropavo congensis Paon congolais
Strigidae Phodilus prigoginei Hibou de Prigogine
Glaucidium castaneum Chouette chevette de Tanganyika
Apodidae Schoutedenapus schoutedeni Martinet de Schoutedeni
Capitonidae Rymnobucco sladeni Barbu de Sladen
Erylaimidae Pseudecalyptomena graueri Eurylaine de Graner
Hirundinidae Pseudochelidon eurystomina Hirondelle hérissée de rivière
Riparia congica Hirondelle de rivage du Congo
Rhedina brazzae Hirondelle de Brazza
Campephagidae Coracina graueri Échenilleur de Graner
Pycnonotidae Andropadus hallae Bulbul de Hall
  Chlorocichla prigoginei Bulbul de Prigogine
  Phyllastrephus lorenzi Bulbul de Lorenz
Sylviinae Apalis kaboboensis Fauvette forestière de Prigogine
Apalis schoutedeni Fauvette forestière de Schoutedeni
Graueri vittata Timalie de Grauer
Hemitesia neumanni Fauvette de Neumann
Muscicapinae Muscicapa lendu Gobe-mouches de Lend
Muscicapa itombwensis Gobe-mouches de Prigogine
Melaenormis ardesiace Gobe-mouches noir du Kivu
Monarchinae Terpsiphone bedfordi Gobe-mouches paradis du lac Bedford

Sur les 27 espèces endémiques, 8 sont congolaises. Ce sont:

- Afropavo congensis (Paon congolais);
- Ruwenzori johnstoni (Touraco du Ruwenzori);
- Phodilus prigoginei (Hibou de Prigogine);
- Pseudocalyptomena graueri (Eurylaine de Graner);
- Pseudochelidon eurystomina (Hirondelle hérissée de rivière);
- Lioptilus chapini (Alcippe de chapin);
- Graueri vittata (Timalie de Graner);
- Hemitesia neumanni (Fauvette de Neumann).

Le Nord-Est du pays (Nord et Sud-Kivu) est la partie la plus riche en espèces d'oiseaux endémiques. Le tableau 19 donne, à ce sujet, les zones de fortes concentrations.

Tableau 19: Zones à forte concentration d'espèces d'oiseaux endémiques

TYPES D'HABITAT

NOMBRE D'ESPECES ENDEMIQUES

Forêt de basse altitude/ Forêt de Montagne/savanes

14

Forêt de montagne/Forêt de basse altitude

10

Forêt équatoriale

5

Forêt équatoriale/Forêt de basse altitude/savanes

4

 
7°) Menaces
Les espèces telles que Psittacus erithacus (Perroquet gris) et Poicephalus gulielmi (Perroquet vert à calotte rouge) qui font l'objet de captures intensives pour le commerce international pourraient être considérées comme des espèces susceptibles d'être menacées.
La déforestation, la chasse incontrôlée ou les feux de brousse modifient les conditions d'un milieu donné et peuvent entraîner la perte d'une partie importante de cette richesse.
Pour mettre à l'abri de ces menaces une partie représentative de la faune, le Congo dispose d'un réseau des Parcs Nationaux et Réserves apparentées ainsi que des jardins zoologiques. A titre d'exemple, on a déjà identifié 524 espèces d'oiseaux au Parc National des Virunga dont la superficie est de 8.000 km2; en 1994, le Zoo de Kinshasa possédait 10 espèces d'oiseaux du Congo.

3.2.2.4. Les mammifères

Les mammifères figurent parmi les groupes d'animaux les plus importants de toute la faune du Congo. Ce groupe est en effet très remarquable par sa diversité générique et spécifique. Ils représentent, selon Frechkop (19..), les deux tiers des genres de la faune mammalienne de toute l'Afrique. Plus récemment, "Conservation International/Washington" (1992) rapporte un chiffre de 409 espèces de mammifères au Congo.
Les mammifères se caractérisent par des espèces de tailles très différentes dont certaines sont très grandes comme l'éléphant, le plus gros mammifère terrestre, la girafe, le plus haut de tous les animaux, et le gorille, le primate le plus lourd.
Cette faune compte certaines espèces très précieuses qui ont disparu partout ailleurs et sont devenues endémiques au Congo comme l'okapi, le rhinocéros blanc du Nord et le chimpanzé nain, primate reconnu le plus intelligent après l'homme. Les membres de ce groupe habitent les écosystèmes les plus divers comprenant la steppe et différents types de savane et de forêt.
En République Démocratique du Congo, une grande partie des mammifères est protégée dans les parcs nationaux et réserves apparentées représentant environ 9,1 % du territoire national. En dehors de ces domaines de protection de la faune, plusieurs espèces sont totalement ou partiellement protégées par la réglementation de la chasse.
Certaines sont menacées d'extinction et quelques-unes ont même disparu dans leurs milieux suite à un comportement irresponsable de l'homme.

1°) Etat de la biodiversité
La faune mammalienne du Congo est représentée par 12 ordres subdivisés en 44 familles, 173 genres, 482 espèces et 171 sous-espèces (tableau 20). Lors du comptage des unités taxonomiques à partir du tableau 21, dans quelques cas, des sous-espèces ont représenté des espèces et n'ont plus été dénombrées comme sous-espèces mais comme espèces.
Le nombre d'espèces vivantes des mammifères du Congo inventoriées au terme de ce travail (482 espèces) est supérieur à celui qui est rapporté par Conservation International (409 espèces en 1992). Les espèces disparues complètement de la faune mammalienne congolaise n'entrent donc pas en ligne de compte. Il s'agit, par exemple, de Diceros bicornis et Proteles cristalis.

Tableau 20: Groupes taxonomiques de la faune mammalienne terrestre du Congo

ORDRES

FAMILLES

GENRES

ESPECES

SOUS-ESPECES

 

NOMBRE

%

NOMBRE

%

NOMBRE

%

NOMBRE

%

FISSIPEDES

5

11.4

32

18.5

49

10.1

31

18.1
ARTIODACTYLES

5

11.4

21

12.1

44

9.1

28

16.4
PERISSODACTYLES

3

6.8

3

1.7

3

0.6

0

0.0
PHOLIDOTES

1

2.3

1

0.6

5

1.0

1

0.6
TUBULIDENTES

1

2.3

1

0.6

1

0.2

2

1.2
PROBOSCIDIENS

1

2.3

1

0.6

3

0.6

0

0.0
HYRACOIDES

1

2.3

3

1.7

5

1.0

6

3.6
LAGOMORPHES

1

2.3

3

1.7

5

1.0

6

3.6
RONGEURS

10

22.7

47

27.2

129

26.7

34

19.9
INSECTIVORES

5

11.4

15

8.6

63

13

6

3.5
CHIROPTERES

7

15.9

33

19.1

133

27.6

7

4.1
PRIMATES

4

9.1

13

7.5

43

8.9

56

32.7
TOTAL

44

100

 

100

 

100

  100

b. Espèces et races à l'origine des variétés domestiques
En général, les espèces habituelles de mammifères domestiques existant au Congo proviennent d'animaux dont la domestication à partir des espèces sauvages a été réalisée en dehors du pays. Ainsi, les ancêtres du porc domestique proviennent des porcs sauvages de l'espèce Sus scrofa.
Toutes les races domestiques du mouton sont issues du mouflon, Ovis mousimon et celles de la chèvre proviennent du bézoar de Pasang, Capra aegagrus aegagrus.
Les bovins, quant à eux, descendent du Bos taurus pour la vache et du Bos indicus pour le zébu.
Ces espèces, ancêtres des animaux domestiques, ne se retrouvent pas dans la faune congolaise. Les chevaux et les ânes domestiques courants sont très peu représentés au Congo.
Toutefois, la domestication de certaines espèces sauvages congolaises a été pratiquée avec succès. C'est le cas de l'éléphant de forêt, Loxodonta africana cyclotis, depuis 1900, et des buffles de savane et de forêt, Syncerus caffer caffer et S. caffer nanus, depuis 1937 à Gangala-na-Bodio (Province Orientale) et de l'okapi, Okapia johnstoni, depuis 1951 à Epulu (Province Orientale). Plus récemment, la domestication des cricétomes de savane et de forêt, Cricetomys gambianus et C. emini (depuis 1991), et de l'aulacode de savane, Thryonomys swinderianus (depuis 1992), est en cours d'étude à l'Université de Kinshasa.
La faune congolaise offre une grande variété d'espèces qui peuvent être intéressantes pour la domestication comme le potamochère, Potamochoerus porcus; plusieurs espèces d'antilopes dont l'antilope bleu ou mboloko Cephalophus monticola; le sitatunga, Tragelaphus spekei, le zèbre, Equus burchelli böhmi, etc.
c. Espèces-clés indicatrices du statut de la faune et de la santé des écosystèmes
La liste des espèces clés, qui n'est sans doute pas exhaustive, se présente en deux parties selon la catégorisation des écosystèmes forestiers et savanicoles d'après les habitats préférés par les espèces (tableaux 21 et 22).
d. Ecosystèmes forestiers
Tableau 21: Espèces-clés et milieu fréquenté
e) Ecosystèmes savanicoles
Tableau 22: Espèces-clés et milieu fréquenté
D'après les résultats de cette étude, le nombre d'espèces des mammifères du Congo est nettement supérieur à celui qui a été rapporté par "Conservation International/Washington", soit 482 espèces au lieu de 409 espèces, ce qui le place en deuxième position après l'Indonésie qui compte 519 espèces, d'après la même source (1992).
f. Espèces les plus représentatives
Une centaine d'espèces constituent les caractéristiques de la faune mammalienne du Congo. On les compte dans tous les grands groupes systématiques mais en proportions inégales. Les groupes les mieux représentés sont, dans l'ordre numérique décroissant, les Carnivores (23 espèces), les Artiodactyles (20 espèces), les Primates (19 espèces), les Chiroptères (15 espèces) et les Rongeurs (14 espèces).
L'analyse de distribution géographique de l'ensemble des espèces caractéristiques de la faune mammalienne permet de les regrouper en trois grandes aires: les espèces largement distribuées, celles habitant les forêts et les espèces de savanes.
Les espèces largement distribuées se rencontrent dans tous les types d'écosystèmes: milieux aquatiques, forêts, savanes et hauts plateaux, avec 54 % du total. A titre d'exemple, on retiendra Viverra civetta, Herpestis sanguineus, Patamochoerus porcus, Cephalophus monticola, Cephalophus sylvicultor, Orycteropus afer, Loxodonta africana, Anomalurus derbianus et Cercocebus aterrimus.
Les espèces forestières se rencontrent dans les forêts ombrophiles de basse et haute altitudes, les forêts galeries. On y a dénombré 29 espèces. Citons, par exemple, Cephalophus nigrifrons, Manis gigantea, Loxodonta africana cyclotis, Epomops franqueti, Cercopithecus ascanius et Pan troglodytes.
Les espèces de savanes de basse et haute altitudes comptent 17 espèces, dont Canis adustus, Crocuta crocuta, Panthera leo, Syncerus caffer, Loxodonta africana africana.
g. Espèces exotiques
A l'heure actuelle, les différentes espèces de mammifères ayant existé dans les jardins zoologiques du Congo ont presque toutes disparu, à cause notamment de la vieillesse et des mauvaises conditions de vie (maladies, malnutrition, biotopes inadaptés).
h. Espèces menacées ou en régression
Un certain nombre de mammifères du Congo sont actuellement menacés de disparition par suite des abattages, chasses, captures incontrôlés ou de la destruction de leurs habitats.
Au total, 57 espèces mammaliennes sont menacées. Elles se comptent parmi les Primates (34 espèces), Artiodactyles (9 espèces), Fissipèdes (5 espèces), Rongeurs (4 espèces), Perissodactyles (3 espèces) et Proboscidiens (2 espèces).
Pour la plupart de ces espèces, les données sur le nombre d'individus vivants n'existent plus. Elles sont nombreuses parmi les espèces des forêts (36 espèces) ombrophiles, galeries forestières, forêts marécageuses et ripicoles, des savanes (19 espèces) et aquatiques (2 espèces).
i. Espèces protégées
Pour sauvegarder la faune congolaise tout en permettant aux populations de répondre à leurs besoins alimentaires, les animaux sauvages du Congo ont été catégorisés par la loi n° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la chasse des animaux totalement et partiellement protégés et en animaux non protégés.
Il est strictement interdit, sauf en vertu d'un permis scientifique délivré par le Ministère ayant la chasse dans ses attributions, de tuer, capturer, chasser, poursuivre, déranger volontairement ou faire fuir, par n'importe quel moyen irrégulier et dans le but de nuire, les animaux totalement protégés.
Les animaux partiellement protégés ne peuvent être chassés qu'avec un permis sportif de grande chasse, un grand permis de tourisme ou les permis spéciaux et dans les conditions et limites fixées par arrêté du Ministre concerné par la chasse.
Il n'y a pas de restrictions pour les animaux non protégés sauf s'ils se trouvent dans les aires protégées (parcs nationaux, domaines et réserves de chasse, zones centrales des réserves de biosphère et autres réserves apparentées) où tous les animaux, sans exception, sont strictement protégés.
j. Espèces endémiques
Une quinzaine d'espèces de mammifères sont endémiques au Congo. Elles représentent ainsi l'originalité de la faune mammalienne de ce vaste territoire. On les compte parmi les Carnivores (2 espèces), les Artiodactyles (1 espèce), les Rongeurs (3 espèces), les Insectivores (2 espèces), les Chiroptères (1 espèce), les Primates (6 espèces). Ces espèces sont pratiquement toutes forestières et localisées dans la région montagneuse du pays.
k. Espèces rares
Ce sont des espèces, dont certaines de grande valeur, qui se rencontrent peu souvent et sont confinées dans un espace géographique très limité. Elles sont consignées dans le tableau 23.

Tableau 23: Répartition géographique des espèces rares

NOMS SCIENTIFIQUES

NOMS COMMUNS

 
1) CARNIVORES    
Acinonyx jubatus Guépard  
2) PERISSODACTYLES    
Ceratotherium simum cottoni Rhinocéros blanc  
Trichechus senegalensis Lamantin  
3) INSECTIVORES    
Myosorex schutteri Musaraigne de Schutter  
4) PRIMATES    
Galago elegantulus Galago élégant  
Gorilla gorilla beringei Gorille de montagne  
Gorilla gorilla graueri Gorille des plaines orientales  
Pan paniscus Chimpanzé nain  

l. Espèces critiques
Ces espèces sont en nombre réduit et se trouvent au seuil de disparition. Il s'agit de Lycaon pictus, Acinonyx jubatus, Taurotragus derbianus, Ceratotherium simum cottoni, Gorilla gorilla et Trichechus senegalensis.
m. Espèces disparues
Certaines espèces ont disparu de la faune congolaise à la suite de la chasse incontrôlée des populations et le non respect des lois afférentes.
n. Espèces d'intérêt économique
Dans la faune congolaise, plusieurs espèces présentent une valeur économique évidente pour l'alimentation des populations, le tourisme, le commerce ornemental comme trophée, colliers ou encore comme piquants pour les tresses de cheveux.
Les espèces concernées appartiennent aux Fissipèdes (27 espèces), Artiodactyles (37 espèces), Périssodactyles (3 espèces), Pholidotes (3 espèces), Tubulidentés (1 espèce), Proboscidiens (2 espèces), Rongeurs (11 espèces), Insectivores (6 espèces), Chiroptères (plusieurs espèces), Primates (31 espèces).
Les plus courantes de ces espèces sont Genetta victoriae, Panthera leo, Panthera pardus, Crocuta crocuta, Hippopotamus amphibius, Potamochoerus porcus, Cephalophus monticola, Equus burchelli bohmi, Loxodonta africana et les singes.
o. Espèces d'intérêt socio-culturel
Au Congo, certaines espèces revêtent une valeur socio-culturelle en fonction des habitudes et coutumes des autochtones. Les espèces d'intérêt socio-culturel appartiennent dans leur très grande majorité aux Fissipèdes et Artiodactyles. Les plus courantes sont Genetta victoriae, Panthera pardus, Panthera leo, Giraffa camelopardalis, Okapia johnstoni, Loxodonta africana.
Il faut signaler que les cornes d'antilopes sont utilisées comme objets de féticheurs pour exorciser, appeler la pluie, etc. Les peaux de divers petits mammifères (petites antilopes, petits carnivores, ...) sont utilisées comme sacs ou gibecières. Très souvent on utilise aussi les queues de plusieurs types de mammifères (de taille moyenne ou grande) dans les danses traditionnelles.
D'une manière générale, plusieurs espèces de mammifères sont considérées comme emblèmes ou totems, utilisées comme personnages dans les légendes ou sont tout simplement des curiosités culturelles à cause de leurs particularités (grande taille, forme spéciale, ...).

2°) Inventaire quantitatif
D'après le dénombrement des effectifs effectué au Parc National des Virunga (PNVi) en 1959 et en 1981, les résultats réalisés par des méthodes différentes indiquent une forte baisse de populations et de biomasses des espèces observées.
De toutes les espèces de grande taille, les hippopotames sont les plus nombreux et présentent la plus grande biomasse (tableau 24).

Tableau 24: Dénombrement et évaluation de la biomasse de quelques espèces du Parc National des Virunga en 1959 et 1981

ESPECES

NOMBRE

BIOMASSE

1959

1981

1959

1981

En tonnes

En %

En tonnes

En %

Hippopotamus amphibius 26530 21095 29263 59.5 23268 78.3
Syncerus caffer 28683 9715 11817 24.0 4003 13.5
Loxodonta africana 3829 751 6601 13.4 1295 4.4
Kobus kob thomasi 10058 10300 603 1.2 618 2.1
Damaliscus lunatus 4798 3460 528 1.1 381 1.3
Kobus ellipsiprymnus
(= defassa)
2107 780 337 0.8 125 0.4
TOTAL     49149 100 29690 100

3°) Inventaire des espèces et des sites d'importance biologique particulière existant en dehors des zones protégées
Il existe encore au Congo en dehors des zones protégées plusieurs sites abritant des espèces et des habitats intéressants à conserver. Ces sites offrent des possibilités de créer de nouveaux parcs nationaux ou réserves de biosphère (tableau 25).

Tableau 25: Sites, espèces et habitats à conserver

APPELATION DES SITES

LOCALISATION DES SITES

ESPECES OU HABITATS A CONSERVER

Mont-Hoyo Nord-Kivu Chiroptères, grottes, forêt
Shingisha-Mabeshe Sud-Kivu Gorilles, forêt
Itombwe Sud-Kivu Primates, oiseaux, forêt
Lomako-Yekokora Equateur Chimpanzé nain, forêt
Mondjo Equateur Forêt, mosaïque forêt-savane
Lomami-Lubao Kasai-Oriental (Kabinda) Hippopotame
Lubefu-Mpania Mutombo Kasaï-Oriental (Kabinda) Hippopotame, éléphant, forêt équatoriale de Mukomena
Lubefu-Mbale Kasaï-Oriental (Kabinda) Eléphant gros porteur, hippopotame, primates, bovidés, forêt marécageuse
Ngandajika Kasaï-Oriental (Kabinda) Eléphant
Epi Prov. Orientale Antilope "Bongo"
Mbanza-Ngungu Bas-Congo Chiroptères, grottes
Date de publication 31/03/2009
Contributeur Guy Mboma