HTML Document CHAPITRE 2: FLORE ET VÉGÉTATION

2.1. FLORE

2.1.1. Richesse floristique

Tous les grands groupes taxonomiques de la flore du Congo ne sont pas encore décrits. Tout indique que les nombres se rapportant à certaines unités taxonomiques restent suvent inférieurs à la réalité.
Le dépouillement des données rassemblées lors de la consultation des documents disponibles fait état de 377 familles, 2.136 genres et 10.531 espèces dont 1.377 endémiques représentant l'originalité floristique du Congo.
Cette flore s'est enrichie de nombreuses espèces introduites pour diverses raisons.
La répartition par grands groupes se présente de la manière suivante:

- Algues: 30 familles, 31 genres, 249 espèces
- Champignons (basidiomycètes): 41 familles, 154 genres, 582 espèces
- Lichens: 3 familles, 21 genres, 21 espèces
- Bryophytes: 48 familles, 87 genres, 154 espèces
- Ptéridophytes: 39 familles, 89 genres, 383 espèces
- Spermatophytes: 216 familles, 1.731 genres, 9.142 espèces dont 275 introduites

L'analyse systématique de l'ensemble de la flore fait ressortir plus de 952 Phanérogames endémiques, 10 Ptéridophytes, 28 Bryophytes, 1 Lichen, 386 Champignons, soit 1.377 espèces endémiques pour l'ensemble de la flore.
En ce qui concerne la "Conservation de la diversité biologique dans les aires protégées", il y a lieu de noter dans l'ensemble une bonne conservation des espèces dans les parcs, mais moins bonne dans les réserves de la biosphère.
Néanmoins, il faut signaler des coupes de bois et des défrichements culturaux illicites dans les aires protégées situées dans les régions très peuplées et celles récemment touchées par l'afflux de réfugiés.
Quelques espèces d'introduction récente indiquent l'état de santé des écosystèmes naturels. Il s'agit des espèces volontairement ou accidentellement introduites, à grande vitesse d'extension et occupant des étendues parfois importantes, des écosystèmes terrestres ou aquatiques, notamment Eichhornia crassipes, Chromolaena odorata, Croton hirtus, Bellucia axitenanthera, Mimosa invisa, Stylosanthes guyanensis.
La surexploitation et l'aménagement divers de certaines espèces les raréfient; on notera ici les cas de Pericopsis elata, Millettia laurentii, Gnetum africanum, Entandrophragma spp, Diospyros grex et certaines espèces de Strophanthus.

2.1.1.1. La diversité spécifique

La mise en place de la flore actuelle du Congo remonte à la fin du Tertiaire, époque des oscillations de l'Equateur géographique. Par la suite, elle a subi des vicissitudes diverses dues aux variations climatiques du Quaternaire, surtout à ses glaciations.
Le développement de cette flore est aussi lié à l'ancienneté des terrains. Dans la Cuvette Centrale, la majorité de terrains est d'origine sédimentaire; au Katanga, les terrains du Carbonifère et du Permien ont livré la plupart des fossiles végétaux.
L'ensemble de la flore du Congo appartient à deux souches, provenant de la flore sèche africaine orientale mieux représentée dans les zones de savanes, généralement mésophiles d'une part, et issue du vieux fond hygrophile caractérisant les espèces forestières d'autre part.
Deux types d'espèces sont à distinguer dans l'ensemble de la flore congolaise: les espèces mégathermes majoritaires et les espèces mésothermes localisées dans les régions montagneuses.
Quant à l'élaboration de la flore du Congo, elle est basée sur l'abondant matériel botanique récolté pendant la colonisation sur l'ensemble du territoire national.
En 1950, on comptait plus de 100.000 feuilles d'herbiers portées à environ 1.000.000 aujourd'hui, pour lesquelles la détermination scientifique systématique débuta en 1895.
Dans cette flore, on retrouve tous les grands groupes systématiques, mais en des proportions variables. L'ensemble de la flore, tous les embranchements confondus, représente aujourd'hui 377 familles, 2.196 genres, 10.324 espèces (sous espèces et variétés). Nous n'avons pas tenu compte pour le moment des formes, des hybrides et des cultivars.

Le condensé de la répartition par groupe systématique se présente comme suit:

Tableau 5: Répartition de la flore terrestre par groupe systématique

 

FAMILLES

GENRES

ESPECES

Algues

30

71

249

Champignons (Basidiomycètes)

41

174

655

Lichens

3

4

21

Bryophytes

48

87

154

Ptéridophytes

39

89

378

Spermatophytes

216

1731

8867

Ces données sont approximatives et inférieures à l'inventaire floristique de 1950.

En effet, en guise de comparaison, cet inventaire donnait les résultats ci-après: Pour 170 familles et 1.631 genres des Spermatophytes, on dénombrait 6 Gymnospermes et 9.699 Angiospermes dont 1.943 Monocotylédones (25%) et 7.756 Dicotylédones (75%). Selon la répartition ci-après des familles les mieux représentées sont:

- Monocotylédones:
Poaceae (600), Orchidaceae (400), Cyperaceae (262), Liliaceae (187), Commelinaceae (103), Dioscoreaceae (57), Araceae (56), Amaryllidaceae (55), Iridaceae (59), Zingiberaceae (35), Maranthaceae (29), Xiridaceae (21), Arecaceae (30), Hydrocharitaceae (11).
- Dicotylédones:
Fabaceae (876), Asteraceae (727), Rubiaceae (674), Euphorbiaceae (377), Acanthaceae (343), Lamiaceae (307), Apocynaceae (187), Asclepiadaceae (149), Scrophulariaceae (128), Verbenaceae (108), Solanaceae (96), Convalvulaceae (92), Sapotaceae (85), Gentianaceae (47), Dilleniaceae (12).
Quant aux autres groupes, l'inventaire signale:
Bryophytes (700) dont Mousses et Sphaignes (559) et Hépatiques (141), Pteridophytes (340), Champignons, Rwanda et Burundi compris (1.193).

Les résultats détaillés de la flore terrestre congolaise issus de l'inventaire floristique de 1950 sont consignés dans le rapport technique du volet y afférent.

1°) Les Algues
Les données disponibles sur la flore algologique sont insuffisantes, à l'exception des Algues du Katanga dont les données sont publiées par Schmitz A. dans "La végétation de la plaine de Lubumbashi" (Haut-Katanga), INEAC, série scientifique 13: 1-338, Biblio 1971.
Les chiffres donnés dans le tableau suivant sont inférieurs par rapport à l'immensité du territoire national et que, même au regard de la publication précitée, l'inventaire n'a pas été très poussé dans certaines familles, limité à la citation des genres, sans dénombrement d'espèces.
Simoens (1963) fait état d'environ 1.000 espèces d'Algues d'eaux douces réparties en plusieurs groupes systématiques.

2°) Les Champignons
Les données actuellement disponibles sur la flore mycologique du Congo sont fragmentaires. Les documents autorisés consultés sont:
- flore iconographique des champignons du Congo;
- flore illustrée des champignons d'Afrique Centrale, éditée par le Jardin Botanique National de Belgique.
Le tableau 6 réunit l'ensemble de données, soit 41 familles, 154 genres, 582 espèces et 53 sous-espèces et variétés pour les seuls Basidiomycetes.
Mis en rapport avec l'immensité du territoire national, la diversité des sites écologiques et les habitats, ces chiffres sont nettement inférieurs à la réalité. De plus, de nombreuses contrées n'ont pas fait l'objet de récolte des champignons supérieurs. Enfin, un certain nombre de spécimens récoltés reste encore à étudier.
Les groupes systématiques les mieux représentés sont les Agaricaceae (113), les Amanitaceae (75), les Nidulariaceae (56), les Boletaceae (52), les Xylorioideae (33). Les genres suivants ont été inventoriés comme les mieux représentés: Amanita, Lepiota, Agaricus, Marasmius, Xylosphaera.
A propos de la distribution phytogéographique, la grande majorité du matériel a été récolté dans le Secteur Forestier Central (6), spécialement la Cuvette Centrale, dans le Secteur des Lacs Edouard et Kivu (9) et dans le Haut-Katanga. (11).
Parmi les espèces et variétés congolaises, il y a environ 150 comestibles.
Enfin, la très grande majorité des espèces sont terricoles et lignicoles des milieux forestiers. Les sols argileux et humifères, les bois pourris ou pourrissant sont propices au développement des champignons.
Par ailleurs, les forêts constituent le principal habitat des champignons basidiomycètes.

Tableau 6: Le groupe systématique des Basidiomycètes

3°) Les Lichens
Les documents devant permettre d'établir des statistiques plus fiables pour les lichens sont inexistants . Les données présentées proviennent de la seule monographie du Haut-Katanga où prédominent les espèces d'Usneaceae. (Schmitz A., Biblio 1971)
La poursuite de la recherche des données reste donc une tâche prioritaire.

4°) Les Bryophytes
Les données actuellement disponibles sont très insuffisantes pour poser un diagnostic sur la richesse de ce groupe systématique.
Les données rassemblées dans le tableau 7 proviennent de deux secteurs phytogéographiques, lacs Edouard et Kivu (9) et celui du Haut-Katanga (11). Même dans ces deux secteurs, les récoltes de matériel ne couvrent qu'une portion restreinte de l'étendue.
Les informations rassemblées révèlent au total 42 familles, 87 genres et 153 unités infragéneriques, dont 140 espèces. Ces données représentent presqu'exclusivement les Mousses, les Hépatiques étant presqu'exclues. Environ une trentaine de Bryophytes semblent endémiques au Congo, confinées sur les hautes altitudes de l'Est et Sud-Est du pays.
Les données manquent totalement sur la très grande partie du pays, spécialement dans la Cuvette Centrale où l'humidité très élevée devrait favoriser le développement des Bryophytes: sur les arbres, sol humide, bois mort. Il en est de même pour les forêts galeries et le secteur phytogéographique du Mayumbe.
Parmi les familles les mieux représentées, nous retenons les Batramiaceae, Bryaceae, Dicranaceae, Orthotriaceae, Pottiaceae.

Tableau 7: Les Bryophytes du secteur phytogéographique du Lac Edouard et du Lac Kivu

5°) Les Ptéridophytes
Les données recueillies présentent au total 39 familles, 87 genres, 383 espèces, sous-espèces et variétés. Ces unités infragénériques sont de tous les biotopes. Parmi les familles les mieux représentées, on notera:
Selaginellaceae (60), Aspleniaceae (56), Aspidiaceae (31), Hymenophylleaceae (21), Pteridiaceae (19), Adianthaceae (18), Lycopodiaceae (18), Thelypteridiaceae (15), Polypodiaceae (12).
La poursuite des travaux permettra de recueillir des informations nouvelles pour compléter les données d'inventaire.

Tableau 8: Liste des Ptéridophytes inventoriés au Congo

6°) Les Spermatophytes
Les Spermatophytes constitués de deux Sous-Embranchements, Gymnospermes et Angiospermes, sont la frange la plus importante des végétaux de notre flore au point de représenter, en nombre d'espèces, 81% de l'ensemble de la flore par rapport à l'inventaire de 1950.
Mais, à l'intérieur de l'Embranchement, la représentation est disproportionnée, car, alors qu'on ne compte que 7 espèces de Gymnospermes (compte non tenu des introductions), les Angiospermes sont les plus abondantes, avec une nette dominance sur des Dicotylédones dans lesquelles prédominent les Fabaceae, Asteraceae, Rubiaceae et Euphorbiaceae, comptant chacune plus de 300 espèces.
Parmi les Monocotylédones, les Poaceae sont très largement prédominantes, suivies des Orchidaceae, Cyperaceae, Commelinaceae et Liliaceae, comptant chacune plus de 100 espèces.
L'ensemble des données des Spermatophytes sont reprises dans le tableau 9.

Tableau 9: Liste des Spermatophytes inventoriés au Congo

2.1.1.2. Les groupes phytogéographiques et l'endémisme

Walter Robyns (Biblio, 1948) a divisé l'ensemble du territoire du Congo en 10 secteurs phytogéographiques s'intégrant dans 3 régions chorologiques: Guinéo-congolaise, Soudanienne et Zambézienne.
L'évolution actuelle des idées sur la phytochorologie africaine permet de regrouper les secteurs reconnus par Robyns en 5 entités: la Cuvette Centrale (la zone de forêts ombrophiles guinéo-congolaise), deux zones de transition guinéo-congolaise Nord et Sud qui sont le domaine de forêts galeries entrecoupées de savanes guinéo-congolaises, les Savanes et Forêts claires zambéziennes localisées dans le Sud-Est et le Centre-Sud et les Régions montagnardes de l'Est caractérisées par une flore teintée d'éléments montagnards.
De cette analyse, il ressort que l'endémisme au sens de F.White (Biblio, 1983) est important dans la Cuvette Centrale congolaise. Le total des espèces Spermatocytes endémiques s'élève à 952, soit 10,73 % du total des espèces connues dans ce groupe.
Un autre centre d'endémisme peut être cerné dans la région montagneuse de l'Est avec un certain nombre d'espèces montagnardes réfugiées sur les hautes altitudes; ce sont des espèces orophiles microthermes, parmi lesquelles des espèces des genres Lobelia, Philippia, Senecon.
Un dernier centre d'endémisme peut être mis en évidence dans la région des hauts plateaux du Katanga, au Sud-Est du pays.

Le condensé des informations sur les taxa endémiques est repris dans le tableau 9 des Spermatophytes du Congo.

2.1.1.3. Les données sur les espèces les plus représentatives des écosystèmes

Plusieurs espèces caractérisent les écosystèmes et jouent le rôle dynamique, physionomique et évolutif des groupements végétaux.
Les écosystèmes du Congo pour lesquels nous mentionnons quelques espèces les plus représentatives sont repris ci-dessous.

1°) Les espèces introduites pouvant menacer la diversité biologique
La flore du Congo a absorbé beaucoup d'espèces exotiques dont certaines sont par la suite devenues subspontanées.
Quelques espèces introduites volontairement ou accidentellement prennent de plus en plus de l'ampleur et occupent des étendues parfois importantes ou jouent un rôle déprimant dans l'évolution normale de la végétation naturelle.
D'autres constituent des entraves pour la navigation et jouent un rôle négatif sur la faune ichtyologique.
Les plantes ci-après sont celles qui constituent le danger le plus apparent et immédiat: Eichhornia crassipes (Pontederiaceae), Chromolaena odorata, Tithonia diversifolia (Asteraceae), Stylosanthes guyanentis (Fabaceae), Bellucia oxytenanthera (Melastomataceae), Mimosa invisa (Mimosaceae), Cecropia leucocoma (Miraceae).

2°) Les espèces nationales menacées
La satisfaction des besoins toujours croissants de l'homme entraîne des prélèvements anarchiques des organes végétaux comestibles, provoquant ainsi une destruction ou une perturbation physiologique et morphologique des plantes recherchées. Parfois, c'est l'habitat qui est détruit lui-même, rendant précaire la pérennité de l'espèce.
Les espèces signalées ci-après sont les plus exposées à la surexploitation pour le moment et méritent toute l'attention:
Encephalartos ituriense (Cycadoceae), Eremospatha cabrae, Eremospatha haullevilleana (Arecaceae), Pericopsis elata, Millettia laurentii (Fabaceae), Diospyros grex (Ebenaceae), Julbernardia breynei (Caesalpiniaceae), Gnetum africanum (Gnetaceae), Morinda morindroides (Rubiaceae), Entandrophragma angolense, Entandrophragma candollei, Entondraphragma cylindricum, Entondrophragma utile (Meliaceae), Terminalia superba (Combrelaceae), Milicia excelsa (Moraceae), Megaphrynium macrostachyum (Marantaceae).

3°) Les espèces protégées
Aucune donnée n'est disponible sur les espèces qui seraient déjà protégées ou qui devraient l'être. Pourtant, certaines espèces surexploitées ou très localisées mériteraient une protection basée sur des textes réglementaires au niveau national, compatibles avec les conventions internationales (CITES), comme c'est le cas pour les espèces animales. Parmi elles, on peut citer: Millettia laurentii (Maindombe), Pericopsis elata (Province Orientale), Diospyros grex (Inga), Diospyros canaliculata, Eremospatha diverses espèces.
Pour certaines espèces, la protection devrait même être immédiate en raison de biotope restreint et unique, tels que: Juniperus procera, ou menacé: Encephalartos ituriense, Diospyros grex, Diospyros wagemansii.

4°) Les menaces pesant sur les habitats et état de conservation
Les causes de modifications graves des habitats proviennent de l'activité de l'homme. Parmi celles-ci, il y a l'agriculture, les pâturages, les surpâturages, les concessions agricoles sans enquêtes sur la vocation des espaces entières, les besoins énergétiques, les constructions anarchiques, les zones de squatting, la construction de routes, les feux de brousse, l'exploitation forestière.
En plus, la démographie galopante, le sous-développement croissant, la pauvreté généralisée de la population essentiellement rurale tournée vers l'agriculture itinérante sur brûlis accélèrent la destruction des habitats: jachère courte, champs quasi permanents, rendements décroissants, appauvrissement des sols, érosions, ravinements.

5°) Les données d'ordre géographique
Parmi les groupes phytogéographiques de l'ensemble de la flore du Congo, les espèces guinéo-congolaises constituent la plus grande partie de sa composition floristique. Ces espèces se retrouvent en forêts et en savanes dérivant de la destruction des formations guinéo-congolaises dans toute la Cuvette Centrale, le Mayumbe, les savanes arbustives et herbeuses australes et septentrionales.
Les espèces zambéziennes constituent la flore du Sud des hauts plateaux méridionaux (Kwango, Haut-Katanga, Sud-Kasaï, Extrême Sud-Est du Bas-Congo: Matadi, à la frontière angolaise et côtier).
Les espèces soudaniennes sont limitées dans l'extrême Nord-Est du Congo (Lac Albert, Parc National de la Garamba).
Les espèces orophiles sont pour la plupart des endémiques des hautes montagnes de l'Est (Ruwenzori, Virunga).
Les espèces de l'embouchure constituent la flore des Mangroves, du reste peu connues sur le plan scientifique.

6°) Les données sur les fonctions biologiques de la diversité floristique
Au Congo, l'importance accordée à la conservation de la diversité biologique et ses avantages se manifestent par la création des aires protégées, des jardins botaniques et zoologiques. Ces aires comprennent les réserves intégrales, les parcs nationaux, les réserves et domaines de chasse, les réserves de la biosphère et les forêts classées.
La localisation de la diversité floristique dans ces aires protégées, jardins botaniques et zoologiques est donnée ci-dessous:

- Forêts de basse altitude: Parcs Nationaux de la Maïko et de la Salonga, Réserve Intégrale d'Epulu;
- Forêts de montagne: Parcs Nationaux de Kahuzi-Biega et des Virunga;
- Forêts claires: Parcs Nationaux de Kundelungu et de l'Upemba, Réserve de Biosphère de la Lufira;
- Mangrove: Parc Marin de Moanda;
- Réserves de la biosphère: Réserves forestières de Luki, Yangambi et Lufira;
- Réserves de chasse: Réserves de Chasse de Bombo-Lumene, Swa-Kibula, Mangaï, Bili-Uéré, Maïka-Penge, Luama, Lubudi-Sampwa, Epi, Gangala-na-Bodio, Azandé, Mondo-Missa et Rubi-Tele;
- Jardins botaniques: Jardins Botaniques d'Eala, Kisantu, Kinshasa;
- Jardins zoologiques: Jardins Zoologiques de Kinshasa, Kisangani, Parc Président Mobutu.

Dans tout le pays, il existe plusieurs zones non protégées ou zones banales, qui sont économiquement et scientifiquement utiles. Ces zones sont laissées à la disposition des populations qui les exploitent de diverses manières, selon un règlement qui les régit. Des études doivent être menées pour leur donner l'importance qu'il faudrait.

7°) Le niveau de connaissance de la flore
Dans l'ensemble, la flore du Congo est relativement bien connue, mais avec des niveaux de connaissance variables, selon les groupes systématiques considérés.
Concernant la flore des Spermatophytes, l'Institut National pour l'Etude Agronomique du Congo (INEAC) avait publié, depuis 1948, dix volumes et de nombreux fascicules contenant plus de 3.000 espèces décrites.
Depuis l'indépendance, les travaux se sont poursuivis sous le nom de "Flore du Congo, du Rwanda et du Burundi", et ensuite "Flore d'Afrique Centrale" au Jardin Botanique National de Belgique, à Meise, Bruxelles, un service rattaché au Ministère de l'Agriculture du Royaume de Belgique. Cependant, de nombreux groupes taxonomiques restent encore à traiter, surtout les familles des Sympétales, Monocotyledones et des Euphorbiaceae (vol.VIII, part.2, annoncé depuis longtemps).
Si les Ptéridophytes sont relativement bien connues (la publication se poursuit), les Bryophytes et les Lichens restent presqu'entièrement à étudier.
Pour les champignons, les premiers inventaires signalent quelques 600 espèces dont une partie a été étudiée et publiée. Cependant, ce nombre est inférieur à la réalité quand on tient compte de l'immensité du territoire et de la diversité des sites écologiques. Des prospections systématiques sont requises surtout dans les régions insuffisamment ou non encore explorées.
La flore algologique reste pratiquement à étudier. Seules les Diatomées des Lacs Moëro et Bangwelo ont été étudiées. De même, les Algues d'eau douce de la région de Kisangani ont fait l'objet d'une étude écologique, tandis que celles de la plaine de Lubumbashi ont été récoltées et identifiées à l'occasion de l'étude de la végétation locale.
Des études similaires ont été menées dans d'autres contrées, notamment la vallée de Semliki et les chutes de la Tshopo.
Concernant les Lichens, l'étude est à faire entièrement. Toutefois, on note quelques données éparses obtenues à l'occasion des travaux écologiques sur la dynamique de la végétation orophile.


2.1.2. Plantes aquatiques

2.1.2.1. La méthodologie

L'inventaire de plantes aquatiques vise l'aspect "conservation des espèces"et la protection de leurs habitats en vue de leur exploitation rationnelle et durable; les considérations taxonomiques de ces plantes aquatiques font l'objet du Volet "Flore" traité dans le paragraphe précédent.
Sont considérées comme plantes aquatiques:

- celles vivant en permanence dans l'eau, qu'elles soient enracinées au fond de l'eau ou flottant dans celle-ci;
- celles enracinées sur la berge mais se développant sur l'eau grâce à des structures morphologiques adaptatives;
- les espèces vivant enracinées dans un substrat gorgé d'eau en toute saison.

Le milieu aquatique englobe les rivières, les lacs naturels ou artificiels, les étangs, les dépressions marécageuses, les pièces d'eau résiduaires, les eaux littorales et les eaux saumâtres.
La distribution géographique des espèces mentionnées se réfère aux secteurs phytogéographiques proposés par Robyns (1948).
La récolte du matériel sur le terrain ayant été faite, dans sa très grande majorité, par des personnes non initiées à l'écologie, il est difficile de se prononcer sur l'habitat optimal de chaque espèce.
Pour cette raison, les données obtenues par consultation des travaux phytosociologiques ont été plus privilégiées que celles fournies par les autres types de documents. De même, l'homogénéité relative des milieux édaphiques et climatiques favorise une grande adaptation des espèces, c'est-à-dire une large amplitude écologique des taxons, s'accommodant à plusieurs types d'habitat. Dans ce cas, on a pris en compte, pour chaque espèce, l'habitat optimum, celui dans lequel elle réalise son développement maximum (aquatique, semi-aquatique, marécage).
Les Algues, bien que fondamentalement aquatiques, ne sont pas traitées dans ce volet, mais dans l'étude de flore en général, d'une part, et, d'autre part, dans le Volet Micro-Organismes Aquatiques étudié au chapitre 1.

2.1.2.2. La richesse spécifique de la flore aquatique

Les données qui suivent proviennent du dépouillement de renseignements obtenus lors de la consultation des travaux suivants: Flore d'Afrique Centrale, Monographies Diverses (Lebrun, 1947; Germain, 1960; Evrard, 1968; Schmitz, 1971; Mandango, 1982) et articles originaux (Lubini, 1983, 1985; Apenza et al., 1986, ...). Ces données font état de 532 espèces, sous-espèces et variétés appartenant à 257 genres et 107 familles, valeur bien inférieure à la réalité. En effet, l'immense bassin hydrographique que comporte le Congo présente d'importants sites favorables au développement des espèces végétales: eaux courantes, stagnantes, douces, marines, saumâtres, thermales, tant de basses que de hautes altitudes.

Le tableau 10 résume l'ensemble des grands groupes systématiques représentés dans les divers habitats, tels que définis dans la note méthodologique.

Tableau 10: Grands groupes systématiques de la flore aquatique du Congo

 

NOMBRE DE FAMILLES

NOMBRES D'ESPECES

Bryophytes

5

9

Ptéridophytes

11

18

Monocotylédones

26

137

Dicotylédones

65

368

TOTAL

107

532

1°) Les Bryohytes aquatiques
Très peu d'espèces de Bryophytes sont représentées dans la flore aquatique du Congo. On a dénombré 9 espèces seulement, appartenant à 5 familles, dont celle des Pottiaceae. On se rappellera que la grande majorité des espèces de ce groupe sont des épiphytes et hydrophytes, les terricoles peuplant les milieux marécageux, les vallées relativement humides. Toutefois, des prospections sont requises dans l'avenir, notamment dans les zones forestières et les hauts plateaux: Cuvette Centrale, forêts-galeries, zones de chutes et cascades, sources des rivières.

2°) Les Ptéridophytes aquatiques
Comme le groupe précédent, il y a peu de Ptéridophytes aquatiques, soit 18 espèces réellement hydrophytes réparties dans 11 familles, dont celles des Polypodiaceae et des Thelypteridaceae. La majorité des Ptéridophytes sont des espèces terricoles des sols humides ou des épiphytes forestières, bénéficiant de l'humidité relativement élevée.
Dans les vallées et les îles des grandes rivières, certaines espèces forment des peuplements parfois assez purs mais peu étendus.
Ces données sont donc lacunaires et de nouvelles récoltes et études sont nécessaires pour une meilleure connaissance de la flore ptéridophytique aquatique de notre pays.

3°) Les Spermaphytes aquatiques
C'est de loin le groupe le mieux représenté, avec 505 espèces, sous-espèces et variétés réparties dans 91 familles, parmi lesquelles on retiendra les Lantibuliaceae (25), les Fabaceae (25), les Cyperaceae (33), les Poaceae (26), les Caesalpiniaceae (17), les Apocynaceae (13), les Polygonaceae (13), les Onagraceae (14), les Nymphaeaceae (12), les Gentianaceae (13) et les Melastomataceae (11).
Certaines familles typiquement aquatiques méritent d'être soulignées: Lantibulariaceae, Hydrocharitaceae, Hydrophyllaceae, Hydrostachiaceae, Lemnaceae, Pontederiaceae, Alismakaceae, Potamogetonaceae, Aponogetonaceae, Droseraceae, Najadaceae, Iridaceae, Butomaceae, Ceratophyllaceae, Podostemaceae, Polygonaceae, Nynphaeaceae. Elles méritent une protection de leurs sites, du fait de leur diversité spécifique peu élevée et de la pollution des cours d'eau et des sites marécageux qu'elles occupent.
D'autres familles, bien que terrestres, comptent un nombre important d'espèces aquatiques: Cyperaceae, Poaceae, Marantaceae, Balsaminaceae, Apocynaceae, Mimosaceae, Moraceae, Meniantaceae, Primulaceae, Menispermaceae, Hippocrateaceae, Caesalpiniaceae, Fabaceae. Leurs sites aquatiques devraient bénéficier d'une protection pour garantir leur pérénnité.

4°) Les espèces endémiques
Très peu d'espèces peuvent être considérées comme endémiques dans les milieux aquatiques, étant donné que les cours d'eau sont les voies de pénétration qui ont favorisé la dissémination des espèces dans des contrées même très lointaines. En effet, le caractère fluide et fondamentalement mouvant des rivières et même des lacs permet la dispersion des espèces tout au long des berges et des régions qu'elles traversent ou baignent.
L'examen de l'ensemble des espèces aquatiques ci-dessus mentionnées indique que 80 espèces paraissent endémiques aux sites aquatiques, semi-aquatiques ou marécageux. On les compte parmi les Fabaceae (5), Moraceae (5), Menispermaceae (4), Podostemaceae (3), Balsaminaceae (3), Polygonaceae (3), Renonculaceae (3), Hydrostachizaceae (2) et Lauraceae (2).

2.1.2.3. L'état de la conservation des plantes aquatiques

Malgré tous les avantages que présentent les plantes aquatiques, elles n'ont pas encore été l'objet d'une quelconque politique de conservation et d'exploitation. Seules quelques espèces qui se retrouvent dans les parcs nationaux et les zones protégées peuvent être considérées comme protégées dans une certaine mesure.

2.1.2.4. Le niveau de connaissance de la flore aquatique

La flore aquatique du Congo est relativement bien connue: certaines familles comptant exclusivement des espèces aquatiques ont été traitées et publiées dans le cadre de la Flore d'Afrique Centrale, notamment les Lantibulariaceae, Lemnaceae, Pontederiaceae, Humiriaceae et Najadaceae. Bien des contrées encore inexplorées ou insuffisamment connues au plan botanique devraient faire l'objet d'un programme d'études floristiques, notamment les îles des grandes rivières ( fleuve Congo, Kasaï, Ubangi, Lomani, Kwango, Kwilu, Aruwimi, Lulonga, Sankuru) ainsi que les lacs de moindre importance, les zones marécageuses (Parc de la Salonga) et les chutes.

2.2. VEGETATION

2.2.1. Facteurs édaphiques et climatiques

Le vaste territoire du Congo s'étend de part et d'autre de l'équateur et est couvert aux trois-quarts environ par des forêts de divers types.
Les nombreuses combinaisons des facteurs du milieu, dont ceux du sol (matériau originel, nappe phréatique, profil), du relief, de l'écoclimat ainsi que les variations de ces facteurs engendrent des types de végétation fort différents.
Les facteurs du milieu les plus importants, comme les régimes des pluies et de la température, dépendant principalement de la latitude et de l'altitude, présentent au Congo une gamme étendue de modalités et conditionnements de divers facteurs d'équilibre de la végétation forestière" (Devred, 1958).

2.2.1.1. La physiographie

Physiographiquement, le territoire congolais s'étend entre les 5e parallèle Nord et le 13e parallèle Sud et les méridiens de 12 et 31 degrés. Le bassin du Congo est une immense aire de subsidence inclinée vers l'Ouest et dont l'altitude varie entre 325 m à l'Ouest, d'une part, et plus de 3.000 m à sa limite orientale. À l'Est, le bord de la Cuvette congolaise se relève progressivement jusqu'à la dorsale des grabens dépassant 3.000 m d'altitude. Dans le Sud, les plateaux du Kwango, du Sankuru et du Lualaba s'élèvent jusqu'à 1.100 m pour réjoindre les hauts plateaux de Lunda, du Katanga, des Bateke et les Monts de Cristal au Sud-Ouest.
La majeure partie des sols du Congo se trouve à un stade d'altération très avancée. En se référant au degré d'altération du matériau originel, on reconnaît les ferrisols et les latosols. Les ferrisols sont altérés pour une grande partie, le sol approchant de sa maturité. La fraction argileuse est constituée par un mélange de kaolinite, d'argiles micacées et d'oxydes de fer libres.
Les latosols sont développés sur matériau complètement altéré; le complexe argileux est constitué en majeure partie par la kaolinite souvent mélangée à des quantités importantes d'oxydes libres.
Les sols sous forêt dense humide se distinguent par la présence d'un horizon Aoo (litière de matière organique). Le rapport CN de l'humus est souvent inférieur à 10.
Les latosols jaunes forestiers de la Cuvette Centrale se sont développés sur un manteau de recouvrement du pléistocène. Les sols forestiers de l'Ubangi, de l'Uélé, de l'Ituri et de la dorsale Ouest du Kivu sont développés sur un matériau provenant du substratum rocheux.
Les ferrisols forestiers localisés dans les grandes vallées du Kwango et du Kasaï se sont développés sur les roches du Karoo. Les sols de la forêt claire et de la savane sont dépourvus de l'horizon Aoo et le rapport C/N de l'humus est de l'ordre de 11 à 13.

2.2.1.2. Le climat

Le Congo jouit d'une gamme de climats très variée, en raison de sa situation géographique de part et d'autre de l'Equateur et des combinaisons variées de pluviosité, de température, d'altitude et de durée de saison sèche, déterminant ainsi un grand nombre de climats régionaux.
Les divers types de végétation sont principalement fonction du régime pluviométrique. Les cotes pluviométriques annuelles se situent entre 800 mm le long de la côte atlantique, 2.200 mm en Cuvette Centrale et jusqu'à 2.500 mm dans les régions montagneuses de l'Est où elles peuvent dépasser 3.000 mm (Mwindo 28 16 Est, 2 58 Sud). Le régime des pluies au cours de l'année est fort variable d'une région à l'autre.
On reconnaît donc deux types fondamentaux de climat: le climat équatorial sans mois sec et le climat de type subéquatorial, avec parfois deux saisons sèches bien marquées.


2.2.2. Cadre phytogéographique

Les conceptions actuelles de la phytogéographie de l'Afrique Subsaharienne (White, 1976, 1983) permettent de situer le Congo dans les quatre régions phytogéographiques suivantes:

- région guinéo-congolaise;
- région zambézienne;
- région soudanienne;
- région morcelée montagnarde.

A ces quatre régions, il faut ajouter deux zones de transition, qui sont:

- zone guinéo-congolaise et zambézienne;
- zone guinéo-congolaise et soudanienne.

2.2.2.1. La région guinéo-congolaise

La région guinéo-congolaise se caractérise physionomiquement par un paysage forestier largement étendu de forêts denses ombrophiles sempervirentes, semi-sempervirentes, marécageuses, inondées et secondaires, dérivant de la dégradation des climax.
Au Congo, cette région s'étend le long du littoral de la Cuvette Centrale et des zones montagneuses de l'Est. Elle englobe les provinces administratives de l'Equateur, Orientale, de l'ancien Kivu (excepté les zones montagneuses), des deux Kasaï, du Nord du Katanga, du Bandundu, du Bas-Congo et de Kinshasa.

2.2.2.2. La région zambézienne

Elle présente un paysage à dominance de groupements herbeux xériques et de forêts claires zambéziennes. Les groupements climatiques appartiennent aux forêts tropophiles ou sclérophyles.
Au Congo, elle correspond au Haut-Katanga et à l'extrême Sud du plateau kwangolais. C'est une région de forêts claires et de formations herbeuses.

2.2.2.3. La région soudanienne

Elle se caractérise également par un paysage à dominance de groupements herbeux xériques et de forêts claires soudaniennes.
Au Congo, cette région ne recouvre qu'une faible étendue du territoire: l'extrême Nord-Est.

2.2.2.4. La région morcelée montagnarde

Cette région se caractérise par les espèces montagnardes actuellement isolées sur différents massifs éloignés les uns des autres, dont la dispersion se serait effectuée à la faveur des climats plus froids du tertiaire. Cette flore très ancienne (Lobelia, Senecio, Alchemilla, etc.) comporte de nombreuses espèces endémiques. Les massifs du Ruwenzori et des Virunga représentent cette région.

2.2.2.5. Les zones de transition

Enfin, les deux zones de transition (Nord et Sud) présentent un paysage en mosaïque incluant, d'une part, les formations herbeuses soudaniennes septentrionales et, d'autre part, les formations herbeuses zambéziennes en mélange avec les formations herbeuses guinéo-congolaises dérivant de la destruction de la végétation forestière ou d'origine édaphique. Ces zones comprennent aussi des forêts galeries qui longent les rivières.


2.2.3. Types de végétation

La diversité de climats et de sols ainsi que la physiographie ont favorisé le développement d'un grand nombre de types de végétation. La physionomie, la composition floristique, l'altitude, la nature du substrat et l'impact des activités de l'homme permettent de distinguer les types suivants que nous caractériserons brièvement.

2.2.3.1. La végétation des sols de terre ferme et hydromorphes

1. La forêt dense
C'est un peuplement continu d'arbres, dont la hauteur varie de 10 à 50 mètres ou plus. Les cimes s'étagent généralement en plusieurs strates. Les plantes ligneuses constituent la caractéristique principale et contribuent pour une large part à la physionomie et à la phyto-masse de la forêt dense; le nombre d'espèces ligneuses dépasse souvent largement celui des plantes herbacées. La diversité spécifique est élevée, de l'ordre de 200 espèces à l'hectare. On distingue les types suivants:
a. Les forêts ombrophiles
Elles regroupent un vaste ensemble de forêts qui manifestent un certain nombre de traits communs: physionomie, groupes écologiques, mésologie, noyau floristique commun.
a.1. Les forêts ombrophiles équatoriales sempervirentes de basse altitude
Les études phytosociologiques ont permis de les regrouper en un seul ordre, celui des Gilbertiodendretalia, caractérisé par quelques espèces dominantes à comportement grégaire, telles que Gilbertiodendron dewevrei et Brachystegia laurentii occupant la Cuvette Centrale et le pourtour.
a.2. Les forêts ombrophiles de montagne
Ces forêts sont localisées dans les zones montagneuses de l'Est du pays. Elles sont caractérisées par Ficalhoa laurifolia, Podocarpus milanjianus et Juniperus procera.
a.3. Les forêts ombrophiles semi-sempervirentes
Celles-ci sont caractérisées par leur physionomie déterminée par un mélange intime d'essences sempervirentes et caducifoliées. Les principales espèces typiques sont Oxystigma oxyphyllum, Scorodophloeus zenkeri, Afrormosia elata, Piptadeniastrum africanum, Gossweilerodendron balsamiferum, Millettia laurentii, Entandrophragma diverses espèces, Celtis diverses espèces, Cynometra diverses espèces, Autranalla congolensis.
On les subdivise en:
- forêts ombrophiles semi-sempervirentes subéquatoriales guinéo-congolaises, en mélange avec les forêts ombrophiles sempervirentes dans la Cuvette Centrale congolaise, les zones de transition et galeries forestières;
- forêts ombrophiles semi-sempervirentes périquinéo-congolaises qu'on observe dans la périphérie de la Cuvette Centrale et connaissant une saison sèche de 3 à 4 mois, c'est-à-dire, dans le Maniema, le Sud-Kasaï et le Bandundu du Sud.
b. Les forêts édaphiques liées aux sols hydromorphes
Elles groupent des types de forêts très diversifiés et nombreux: forêts marécageuses, inondées, rigicoles, rivulaires, vallicoles-alluvionnaires et mangroves. Ces forêts sont liées aux variations du plan d'eau au-dessus de la surface du sol et dans le profil édaphique, le degré de l'atterrissement ou d'alluvionnement et à l'intensité du drainage du sol durant les éventuelles périodes d'exondaison (Lebrun et Gilbert, 1954). Elles se rencontrent dans la Cuvette Centrale, le long des grandes rivières, les îles et les lacs.
c. Les forêts secondaires
Elles résultent de l'évolution progressive de la végétation post-culturale: défrichements culturaux, exploitation des forêts climaciques ou autres "catastrophes écologiques".
Selon le stade évolutif et l'altitude, on distingue plusieurs types de forêts secondaires.

2. Les forêts claires
Elles constituent un ensemble physionomique et structural bien représenté au Congo, dans le Sud-Est, mais occupant une superficie relativement faible.
De nombreuses espèces, à très large distribution zambézienne et soudanienne, se rencontrent dans les formes dégradées de ces forêts.
Physionomiquement, ces forêts comportent dans leur strate arborescente des espèces caducifoliées; du point de vue structure, deux strates, l'une arborescente et l'autre herbacée, caractérisent ces forêts.
Du point de vue composition floristique et région phytogéographique, on distingue:
- la forêt claire zambézienne, localisée dans l'extrême Sud-Est, caractérisée par les espèces du genre Brachystegia et les espèces Julbernardia paniculata et Marquesia macroura;
-l a forêt claire soudanienne, localisée dans le Nord du pays, à la frontière du Soudan, à dominance de Isoberlinia loka, Lophira lanceolata, Parkia biglobosa, Daniellia oliveri.
Ces forêts ont payé un très lourd tribut aux défricheurs suivis inéluctablement du régime des feux courants.

3. Les forêts sclérophyles
Elles semblent être liées à des conditions qui déterminent une xérophilie presque permanente: pluviosité faible, inférieure à 1.000 mm, pouvoir évaporant de l'air élevé, sols très filtrants, insolation intense ou riche en radiations courtes, vents désséchants.
On reconnaît deux types de forêts sclérophyles:
- les forêts sclérophyles montagnardes et submontagnardes à dominance de Jasminum abyssinicum et Olea chrysophylle, dans l'Est du pays;
- les forêts sclérophyles littorales liées au climat maritime et, peut-être, aux sables littoraux, dominées par Ecastaphyllum brownei et Chrysobalanus orbicularis, observable dans la zone littorale congolaise.

4. Les formations herbeuses de terre ferme
Elles recouvrent de vastes étendues du pays, notamment dans le Sud: les hauts plateaux du Katanga (Manika, Biano, Kundelungu, Marungu, Kibara), du Kwango et des Bateke. Dans le Nord, les formations herbeuses s'observent sur la plaine alluviale au Sud du lac Edouard, dans la région de Nioka et le Nord de la Province Orientale. Leur physionoie permet de distinguer plusieurs types, notamment:
- formations herbeuses arbustives;
- les formations herbeuses arborées;
- les formations herbeuses steppiques.
Comme pour les forêts claires, on reconnaît des formations herbeuses zambéziennes et les types soudaniens. Dans les deux cas, l'élément floristique se caractérise par les hautes herbes vivaces appartenant aux genres Hyparrhenia, Loudetia, Themeda, Andropogon, Panicum. Les arbustes, tels que Hymenocardia acida, Berlinia giorgii, Erythrophleum africanum, Combretum et Acacia de diverses espèces, caractérisent la strate arbustive.

2.2.3.2. La végétation aquatique et semi aquatique

Il s'agit des groupements végétaux herbeux qui recouvrent les surfaces des eaux tant courants que stagnantes. Les grandes rivières, les pièces d'eau libre, les anses calmes des rivières, les lacs de retenue des barrages hydroélectriques et les étangs piscicoles sont couverts de groupements herbeux, constituant parfois de véritables prairies aquatiques.
Des espèces les plus typiques constituant ces formations herbeuses aquatiques, on peut citer: Cyperus papyrus, Typha angustifolia, Echinochloa pyramidalis, Eichhornia crassipes, Hydrocharis chevalieri, Vossia cuspolata, Pistia stratiolis, Nymphaea lotus.

2.2.3.3. La végétation spéciale

Elle est constituée de:
- bambousaie: forêt à bambous formant un étage de la végétation de montagnes de l'Est à dominance de Arundinaria alpina et Oxytenanthera abyssinica;
- mangrove: formation qui occupe l'embouchure du fleuve Congo. Elle s'est développée dans les eaux saumâtres de l'océan Atlantique et du fleuve Congo. Les espèces Rhizophora racemosa et Avicennia, avec des adaptations morphologiques particulières (racines échassées, viviparité, pression osmotique élevée), caractérisent cette formation;
- végétation des roches granitiques;
- végétation pionnière des chutes, des rapides et rochers périodiquement inondés;
- végétation herbacée fontinale;
- végétation des sources salines;
- végétation des éboulis meubles;
- végétation colonisant les laves.

2.2.4. Données phytosociologiques

Ces divers types de végétation ont fait l'objet d'études phytosociologiques par des auteurs Belges et Congolais, dont Lebrun, Germain, Mullenders, Evrard, Schmitz, Mandango, Nyakabwa, Lubini, Masango, Apema. Ces travaux ont abouti à une classification phytosociologique de l'ensemble de la végétation en unités hiérarchisées: associations, alliances, ordres et classes. En rapport avec l'étendue du pays, la diversité des habitats et les climats, ces études sont loin d'être terminées.

Date de publication 31/03/2009
Contributeur Guy Mboma