PDF Etude de la forêt à Marantaceae et son impactsur la régénération des ligneux dans la réserve forestière de Yoko et ses environs (Ubundu, Province de la Tshopo, RD Congo)

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Contributeur Judith Tsongo
Couverture géographique réserve forestière de Yoko, Ubundu, RD Congo
Mots-clefs Forêt à Marantaceae, régénération, réserve forestière de Yoko, RD Congo
Date de publication 03/10/2018
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1 THESE MBAYU MPANYA LUKASU.pdf (actuel) Judith Tsongo 03 Oct 2018 21 MB application/pdf

Une superficie importante estimée à 11 % des forêts de la réserve forestière de Yoko est invahie par des ilôts à Marantaceae. Ces herbacées sont en train de se répandre sensiblement sur tout l'axe Kisangani-Ubundu. Leur présence présage des perturbations, soit anciennes, soit récentes du massifforestier qu'elles infestent.

Les objectifs poursuivis par cette étude ont consisté: (i) à mettre en évidence les indicateurs qui authentifient les perturbations des forêts dans la région de Yoko et ses environs, (ii) à évaluer l'impact des perturbations, prétendument à l'origine de ces herbacées sur le cortège floristique des forêts matures anciennes et sur celui des forêts récentes, (iii) à évaluer le potentiel et la dynamique de régénération de ces forêts par rapport aux forêts mixtes et par rapport aux forêts à Gilbertiodendron dewevrei(De Wild.) J. Léonard, enfin, (iv)à évaluer la richesse floristique par rapport aux forêts mixtes et aux forêts à G. dewevrei(De Wild.) J. Léonard sur une même toposéquence.

L'approche archéo anthracologique accompagnée de la datation au 14C ont montré que les forêts anciennes de la région de Yoko et ses environs ont connu des perturbations entre le 11ème et le 2ème siècle. L'agriculture itinérante sur brûlis et les habitations anciennes abandonnées auraient perturbé les forêts matures dans la région. Les quantités importantes des charbons de bois et de la céramique récoltées dans les sous-sols des
Marantaceae établissent la responsabilité de l'homme. Les charbons de bois proviennent, soit de l'agriculture itinérante sur brûlis, soit des feux ménagers. La céramique provient des ustensiles domestiques utilisés parl'homme de l'époque.

A certains endroits, les perturbations ont fortement secondarisé les forêts matures. Ainsi, il s observe des zones tapissées des Marantaceae, Zingibraceae, Commelinaceae et des rotangs ponctués d'un taux important d'héliophiles pionniers cicatriciels à durée de vie longue : Petersianthiis macrocarpus(P. Beauv.) Liben, Ricinodendron heudelotii (Baillon) Pierre ex Hecke, Pericopsis elata(Harms)Meeuwen, Canarium schweinfurthii Engl.

Ces perturbations ont eu un impact sur le cortège floristique des forêts anciennes qui s'est répercuté en même temps sur celui des forêts actuelles. Certains taxons sciaphiles, Gilbertiodendron dewevrei(De Wild.)J. Léonard,Monodora sp, Tetraberlinia bifoliata J. Léonard, Pouteria sp, Homalium longistylum Mast, Turraeanthus africanus (Welw ex C.DC.) Pelleg, identifiés des charbons fossiles n'ont pas été retrouvés dans le cortège floristique des forêts à Marantaceae.

L'impact des Marantaceae sur la régénération des ligneux est significatif. En moyenne, sur un placeau de 10 m², le nombre de plantules ligneuses (diamètre < 10 cm) est significativement faible. Elle est de 105,24 ± 84 individus dans les Marantaceae de la réserve forestière de Yoko, 68,36 ±40,19 dans les Marantaceae de Biaro. Alors qu'elle est, pour le placeau identique, de 620,16± 175,55 dans les forêts à Gilbertioclendron dewevrei (De Wild.) J. Léonard et de 435,8 ± 147,3 dans les forêts mixtes. Cette régénération, pourtant très faible, accuse un taux de mortalité annuel très élevé (23,22% en moyenne).

La régénération assistée sur un placeau de 2 m² par la technique de coupe rase de la biomasse aérienne et souterraine des Marantaceae a fait augmenter au recrû préexistant, sur une période de deux mois,en moyenne 28,9±7,69 nouvelles plantules.

Quant à leur richesse, les moyennes des caractéristiques structurales (densité et surface terrière) sont significativement basses dans les forêts à Marantaceae de la réserve forestière de Yoko : 296,75 ± 15,37 individus ha-1 et 23,37± 2,9 m²ha-1; alors qu'elles sont de 366,5 ± 36,52 individus ha-1 et 26,96 ±1,51 m²ha-1 dans les Marantaceae de Biaro, 301,75±32,04 individus ha-1 et 34,24± 3,72 m^ha-1 dans les forêts G. dewevrei(De Wild.) J. Léonard et 432,75±62,74 individus ha-1et 29,97±2,05 m²ha-1dans les forêts mixtes.

De même, le cortège floristique est faible dans les Marantaceae, 128 espèces et 37 familles dans les forêts à Marantaceae de la réserve forestière de Yoko, 124 espèces et 37 familles dans les Marantaceae de Biaro, 94 espèces et 34 familles dans les forêts à G. dewevrei (De Wild.)J. Léonard, exceptionnellement pour lesquelles les Marantaceae sont plus diversifiées, et 140 espèces et 37 familles dans les forêts mixtes.

L'analyse de similarité (CHA Paired group/Morisita) et de l'AFC établie en fonction des variables (type forestier, richesse spécifique et abondance spécifique) révèle une similarité faible(> 0,4)entre les forêts à Marantaceae et les forêts mixtes, alors qu'elle est proche de zéro entre celles-ci et les forêts à Gilbertiodendron dewevrei(De Wild.) J. Léonard. Tout de même, ces groupements partagent en commun quelques espèces : Anonidium mannii (Oliv.) Engl. & Diels, Cola griseiflora De Wild., Drypetes likwa J. Léonard in herb. Br, Julbernardia seretii(De Wild.) Troupin, Polyalthia suaveolens Engl. & Diels, Heisteria parvifolia Sm., Ochthocosmus africanus Hooker, Trichilia gilgiana Harms Carapa procera DC, etc.

De manière toute particulière, malgré leur proximité, la fonction d'association IndVal.g a déterminé que leurs espèces indicatrices se démarquent. Les Marantaceae se constituent des indicatrices héliophiles caractéristiques des forêts secondaires, alors que les forêts mixtes et les forêts à Gilbertiodendron dewevrei (De Wild.) J. Léonard se constituent des tolérants à l'ombre caractéristiques des forêts matures.